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Leur société
Policiers de Bobigny : les violeurs portent l’uniforme
Vendredi 31 octobre une femme a eu le courage de dénoncer deux policiers qui l’ont violée alors qu’elle était incarcérée au dépôt du tribunal de Bobigny.
Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, ancien préfet de police, a été obligé de parler « de faits extraordinairement graves s’ils étaient avérés », comme s’il s’agissait d’un cas nouveau et isolé.
La jeune femme avait été arrêtée le 28 octobre et mise en détention dans ce dépôt. La nuit même, les deux policiers sont venus la violer dans sa cellule, se sentant tellement forts de leur impunité que l’un d’entre eux a filmé les faits et gardé les images dans son téléphone.
Les deux policiers ont été mis en examen et en détention provisoire dès le 1er novembre. Pour se défendre, ils ont reconnu avoir eu des relations sexuelles mais en parlant de « relations consenties ». Avec deux policiers pouvant agir à leur guise face à une femme enfermée dans une cellule sordide et menacée par la justice, comment parler de consentement ? Oser évoquer un quelconque consentement dans cette situation de domination évidente est une insulte faite aux femmes.
Une grande partie de la presse reprend pourtant ces propos qui permettent de faire planer le doute sur les faits. À l’aide de leurs avocats, les policiers espèrent pouvoir convaincre des juges du « consentement » de cette femme. Comme si le fait que des policiers aillent chercher leur proie sexuelle dans des cellules d’un dépôt ne devait pas poser problème. Ainsi, la seule question serait, comme d’habitude, de savoir si la victime était consentante, auquel cas tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Ce n’est pas la première fois que la police, en particulier celle de Seine-Saint-Denis, est accusée de ce type de violences. On se souvient du jeune Théo qui, en 2017, avait été violé par des policiers d’Aulnay-sous-bois avec une matraque métallique. Et, depuis des années, le syndicat des avocats de France dénonce les conditions de « non-droit » qui règnent au dépôt du tribunal de Bobigny et l’impunité pour les policiers accusés de violences aggravées.
En juin 2025, deux journalistes du média Disclose et ceux du journal télévisé de France 2 ont recensé 419 victimes de violences sexuelles et 215 agresseurs parmi les forces de répression dans tout le pays. Sachant que ces chiffres ne concernent que ceux qui osent porter plainte, on mesure combien on est loin de se retrouver face à des psychopathes isolés !
Le pouvoir qu’ont les policiers et l’attitude de leur hiérarchie permettent à certains de considérer qu’ils peuvent imposer ce qu’ils veulent et assouvir leur volonté de dominer, en l’occurrence une femme. Cela donne une idée de la nature de « l’ordre » que ces forces prétendent défendre.