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- Lutte ouvrière n°2988
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Leur société
Shein : scandale et intox
Samedi 1er novembre, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a saisi le procureur de la République.
La vente de poupées sexuelles à caractère pédopornographique a été constatée sur le site en ligne chinois Shein.
Suite au signalement de la DGCCRF, Shein a retiré ces produits de la vente, au moins pour la France. Mais, surfant sur l’indignation légitime que cette affaire a suscitée, le gouvernement en profite pour pousser un peu plus loin sa campagne protectionniste et antichinoise.
Qu’un site comme Shein ou Aliexpress revende de tels produits est bien sûr révoltant mais ce n’est guère étonnant dans un système capitaliste où tout s’achète et tout se vend. Les envolées du ministre de l’Économie, Roland Lescure, menaçant d’interdire la plateforme chinoise en France, sont donc des plus hypocrites. Il sait parfaitement que d’autres sites vendent de tels produits, comme Vinted ou e-Bay, et qu’avec très peu de moyens informatiques, n’importe quel malade ou pédocriminel peut contourner de telles interdictions.
La réalité, c’est que derrière l’emballement médiatique, il y a la concurrence chinoise que le patronat français cherche à endiguer. Depuis plusieurs mois, il mène une campagne de dénigrement contre Shein, Temu et quelques autres, dénonçant la qualité des produits, et même – ils osent tout – l’exploitation subie par les ouvriers chinois. Quand ces mêmes ouvriers produisent des articles pour Carrefour, cela ne suscite pas la même indignation ! Le patronat veut faire taxer les colis importés, et quand Shein s’est employé à contourner ces taxes en faisant un partenariat avec le BHV, en implantant ses propres boutiques, c’est le patron du BHV qui s’est retrouvé sous pression, quasiment accusé de collusion avec l’ennemi.
Shein est certes prêt à faire de l’argent avec tout. Mais est-ce aux champions de la vente d’armes de lui faire la morale ?