Travailleurs immigrés  : régularisations entravées24/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2995-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Travailleurs immigrés  : régularisations entravées

Le ministère de l’Intérieur vient de publier les chiffres des régularisations pour les neuf premiers mois de 2025 : leur nombre baisse drastiquement, de 42 %, et même jusqu’à 62 % pour certains départements comme les Hauts-de-Seine, où le préfet se vante d’appliquer à la lettre la circulaire Retailleau de janvier 2025.

L’ancien ministre de l’Intérieur et patron des Républicains faisait à l’époque concurrence au Rassemblement national dans ses discours anti-immigrés. La précédente « loi immigration » de son prédécesseur Darmanin en 2024 avait déjà limité les régularisations aux fameux « métiers en tension ». Aujourd’hui, la circulaire en œuvre stipule que la régularisation est une mesure exceptionnelle. Et, effectivement, seuls 11 000 travailleurs ont obtenu un titre de séjour en 2025, contre 19 000 à la même période en 2024.

La liste des exigences pour les travailleurs étrangers s’allonge au fil des ministres : avoir un CDI ou un CDD d’au moins deux ans, n’avoir jamais reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avoir un certificat de bonne maîtrise du français, prouver qu’on réside dans le pays depuis au moins sept ans, ne pas représenter une « menace à l’ordre public » – notion pour le moins vague, qui peut comprendre le fait d’avoir manifesté, par exemple. Et lorsqu’on coche toutes les cases, encore faut-il parvenir à déposer son dossier à temps : il est devenu impossible d’obtenir un rendez-vous dans les préfectures, et le délai de traitement des dossiers peut atteindre parfois plusieurs années ! Le gouvernement plonge ainsi dans l’illégalité de nombreux travailleurs qui étaient parfaitement en règle. La situation de ces travailleurs est suspendue à un fil, qui peut se rompre à tout moment.

Le gouvernement sait très bien que les étrangers sont indispensables dans de très nombreux secteurs, du BTP à l’aide à la personne, en passant par le nettoyage ou la restauration. Leur rendre la vie impossible ne protège pas les travailleurs français, au contraire. Les attaques d’aujourd’hui contre les travailleurs étrangers pourraient préfigurer les attaques de demain contre tous les travailleurs.

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