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Dans le monde
Venezuela : l’escalade impérialiste
En imposant au Venezuela un blocus naval, les pressions de l’impérialisme américain viennent de franchir un nouveau palier.

Le 20 décembre, l’armée américaine a saisi un deuxième pétrolier vénézuélien. Lundi 22 décembre, Trump a menacé Maduro en disant qu’il serait « sage » qu’il quitte le pouvoir, ajoutant que, « s’il joue les durs, ce sera la dernière fois qu’il pourra jouer les durs ».
Cela fait plus de trois mois que la flotte américaine a pris position au large des côtes vénézuéliennes. Depuis, l’armée américaine a bombardé et détruit plusieurs dizaines d’embarcations, affirmant, sans même se donner la peine de le prouver, qu’il s’agissait de narcotrafiquants. Au moins 105 personnes ont ainsi été tuées sans autre forme de procès.
Le 29 novembre, Trump a annoncé que l’espace aérien du Venezuela devait être considéré comme fermé. Le 16 décembre, il a annoncé un blocus naval « total » à l’encontre des pétroliers que les États-Unis considèrent comme étant sous sanction.
Pour faire monter la pression, Trump a d’ailleurs plusieurs fois déclaré qu’il n’excluait pas la possibilité d’envahir le Venezuela. Sur les bases américaines de Porto Rico et de Guantanamo, à Cuba, des missiles sont prêts à être tirés et des troupes prêtes à être débarquées. À ce jour, au moins 15 000 militaires américains sont déployés sur la zone. La flotte qui y est rassemblée est la plus importante depuis la crise cubaine de 1962, avec à sa tête le porte-avions Ford, le plus grand et le plus moderne du monde.
Les États-Unis accusent le Venezuela de se servir du pétrole, sa principale ressource, pour financer « le narcoterrorisme, la traite d’êtres humains, les meurtres et les enlèvements ».
En fait, le Venezuela refuse d’être le vassal des États-Unis. S’appuyant sur d’immenses ressources pétrolières – 20 % des réserves mondiales – le régime vénézuélien, mis en place en 1998 par Hugo Chavez, s’est en partie émancipé de la tutelle de l’impérialisme américain.
C’est l’unique raison de l’escalade actuelle : l’impérialisme américain renforce sa présence et son contrôle sur son arrière-cour, l’Amérique centrale et latine avec toutes leurs ressources naturelles, et le régime vénézuélien est un caillou dans sa chaussure.
Personne ne sait quels sont les objectifs précis de Trump ni jusqu’où il est prêt à aller. Veut-il obtenir la fin du régime nationaliste de Maduro pour le remplacer par des gens à ses ordres, comme María Corina Machado, qui a dédié son prix Nobel de la Paix à Trump et qui vient d’être récemment exfiltrée du Venezuela ? Est-il prêt à la guerre pour cela ? De toute évidence, avec le blocus naval, l’impérialisme américain cherche d’abord à affaiblir le régime de Caracas, à le déconsidérer auprès de sa population en le privant d’une partie de ses recettes pétrolières.
Mais l’impérialisme américain n’a jamais reculé devant une guerre qu’il estimait nécessaire. Sa dernière intervention militaire de grande ampleur, en Irak en 2003, a dévasté et ébranlé toute la région, et ses effets se font encore sentir plus de vingt ans après. La certitude de conséquences semblables ne le fera pas reculer.
Seule la crainte de réactions populaires qui se généraliseraient en Amérique centrale et latine ou aux États-Unis même, où Trump a promis de mettre fin aux guerres, pourrait le faire reculer.