Editorial

Contre Macron et contre Le Pen, pour le camp des travailleurs !

Contre Macron et contre Le Pen, pour le camp des travailleurs !

Il est frappant de voir comment l’élection de dimanche prochain a rendu Macron et Le Pen préoccupés du sort des travailleurs. II y a encore à peine dix jours, Macron disait qu’il imposerait la retraite à 65 ans. Il annonce maintenant qu’il est prêt à en rediscuter et à la ramener à 64 ans. Le Pen dit qu’elle fera « du social » et qu’avec elle, l’âge de la retraite sera maintenu à 60 ans… ou peut-être 61 ou 62 ans.

Mais quel que soit l’élu, Macron ou Le Pen, il se fichera bien de ce qu’il aura pu dire durant sa campagne. Il gouvernera dans l’intérêt du grand patronat, qui tient son pouvoir de sa domination économique et n’est jamais élu ni contrôlé par personne. Le rôle des élections est justement de masquer ce pouvoir, en laissant croire que chaque citoyen a un droit de vote sur la conduite de l’État pour, au final, le contraindre à choisir entre des candidats qui sont tous du côté de la bourgeoisie.

Pendant les cinq ans où Macron a été président, ses décisions ont favorisé la classe capitaliste, qui n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui. Par contre, les travailleurs ont payé les conséquences de la crise sanitaire par des licenciements et du chômage partiel. Et aujourd’hui, la flambée des prix enrichit les capitalistes et fait fondre le pouvoir d’achat des plus pauvres avec la complicité du gouvernement.

Le Pen qui n’a jamais gouverné laisse croire qu’elle serait différente. Elle, qui est d’extrême droite, s’est donnée une image bien policée en se présentant comme une mère de famille célibataire qui aime les chats. Mais elle ne vient pas de nulle part. Son parti s’est construit avec des anciens militaires partisans de « l’Algérie française », dont beaucoup ont été membres de l’OAS, cette organisation fasciste qui a commis des centaines d’attentats terroristes et des milliers de meurtres en Algérie et en France dans les années 1960.

Aujourd’hui, la progression des scores des candidats de l’extrême droite à la présidentielle reflète l’accroissement de son influence dans la société. La menace ne vient pas seulement des groupes d’extrême droite plus ou moins virulents, mais surtout de l’appareil d’État lui-même, en l’occurrence la police et l’armée.

Il faut se rappeler la pétition parue il y a un an, signée par des généraux en retraite, qui menaçait d’une intervention de l’armée face à ce qu’ils appelaient « le délitement qui frappe la patrie ». Marine Le Pen, à l’époque, s’était empressée de leur envoyer une lettre de soutien pour leur montrer qu’elle était des leurs.

Croire que Macron serait le moindre rempart contre cela est une grave erreur. S’il est réélu, il masquera la menace toujours présente de cette extrême droite à l’intérieur de l’appareil d’État. Car il n’est pas question pour lui de toucher aux principaux instruments du pouvoir que sont l’armée et la police.

Rien de bon pour les travailleurs ne peut sortir des urnes dimanche. Même des candidats dits de gauche, comme Mitterrand ou Hollande, soutenus par les partis PS et PCF, que le mouvement ouvrier avait créés, ont mené une fois élus, une politique au service des capitalistes. Alors, les travailleurs n’ont aucun intérêt à se diviser entre eux pour un vote où les deux candidats ne cachent même pas qu’ils sont les serviteurs d’un système économique fondé sur l’exploitation des travailleurs.

Dans la situation de crise économique aggravée où les États ont commencé à se réarmer suite à la guerre en Ukraine, c’est aux travailleurs que la classe capitaliste compte bien faire payer l’addition. La simple défense de notre niveau de vie exigera des luttes avec une conscience claire de nos intérêts de classe et de toutes les menaces qui nous visent, y compris celle d’un pouvoir plus répressif et plus dur.

Aujourd’hui, le camp ouvrier n’a plus de parti ou d’organisation assez importante pour faire entendre ses intérêts. Toute la propagande de la bourgeoisie et de ses dirigeants politiques vise à détruire l’idée même que les travailleurs, qui constituent un camp social, puissent représenter un camp politique conscient de ses intérêts de classe. Mais il n’empêche que les travailleuses et les travailleurs sont une force sociale considérable. Ils sont à la base de toute la production et des services nécessaires au fonctionnement de la société, et ils le savent. C’est pourquoi tous les espoirs sont permis.

Et c’est heureux, car ils sont la seule classe sociale capable d’affronter et renverser la classe capitaliste. Ils sont la seule force pouvant ouvrir une perspective autre que le chaos et la guerre vers lesquels nous mène la classe dirigeante actuelle.

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