Editorial

Crise énergétique : le gouvernement veut nous faire marcher au pas

Crise énergétique : le gouvernement veut nous faire marcher au pas

Le gouvernement l’a annoncé : si nécessaire, cet hiver, il coupera l’électricité deux heures le matin ou le soir. Cela pourra concerner jusqu’à quatre millions de personnes. Y échapperont, nous dit-on, hôpitaux, pompiers, commissariats et entreprises dites sensibles. En revanche, les autres entreprises, les écoles, les transports et le téléphone seraient concernés.  

La menace est-elle réelle ? Est-ce un coup de pression gouvernemental pour forcer la population à baisser sa consommation ? L’un n’empêche pas l’autre.

En tout cas, le message politique est clair : si vous ne faites pas assez d’efforts, si vous ne réduisez pas votre consommation d’électricité et ne baissez pas votre chauffage à 19°, eh bien, vous n’aurez plus le choix, on vous coupera le courant ! Ça s’appelle mener la population à la trique.

Ministres et journalistes aux ordres le répètent en boucle : au signal orange d’EcoWatt, il faut moins consommer. Et à vous d’obéir !

Si vous ne le faites pas, vous serez plongés dans le noir et le froid, sans téléphone et avec vos enfants sur les bras, car les écoles seront, elles aussi, fermées. En espérant que vous ne serez pas coincés dans un ascenseur, ou dans un méga-bouchon car il n’y aura plus de feux de circulation…

Comme lors de la crise sanitaire, il y a deux ans et demi, le gouvernement appelle à la mobilisation. Et si nous ne sommes pas volontaires et ne nous imposons pas, nous-mêmes, les sacrifices nécessaires, ce sera la contrainte et l’autoritarisme.

Lors du Covid, il fallait obtempérer sans rechigner aux ordres de confinement aussi contradictoires qu’absurdes : ne pas sortir de chez soi le week-end, mais aller travailler la semaine, par exemple. Tous ceux qui ont écopé d’une amende parce qu’ils promenaient leur chien à plus d’un kilomètre de chez eux en savent quelque chose. Quant aux travailleurs de la santé qui ont perdu leur gagne-pain parce qu’ils n’étaient pas vaccinés, ils continuent de payer cette politique autoritaire aujourd'hui.

Malgré l’incurie et l’aberration de leur politique sanitaire, le gouvernement et les préfets sont très satisfaits de l’expérience de confinement, car l’essentiel pour eux était que la population obéisse sans se révolter.

C’est le fond de toute leur politique : que les classes populaires obéissent à leurs décisions au doigt et à l’œil. Alors, ils nous diront bientôt combien faire de lessives par semaine et à quelle heure. Ils nous autoriseront ou non à nous servir du four ou à nous chauffer un peu plus, etc…

Ce ne sont pas les inquiétudes ou les intérêts des petites gens qui guideront le gouvernement pour décider des coupures d’électricité, c’est la continuité des affaires.

La bourgeoisie, à la tête des grandes entreprises, est déjà en train de plaider sa cause auprès des préfets, voire des ministres, et la liste des entreprises exemptées de l’effort national s’allonge. Parions que les grandes entreprises les plus consommatrices d’électricité seront protégées pour continuer à produire leurs profits !

Les classes populaires, les travailleurs, les petites gens, eux, n’ont jamais leur mot à dire. Ils sont les premiers touchés par la crise énergétique car c’est d’abord sur eux que pèse l’explosion du prix de l’énergie. Et en plus de cela, les leçons de morale, les appels au civisme et aux sacrifices, sont encore pour eux ! Pendant ce temps, les plus riches feront tourner plein pot des groupes électrogènes pour alimenter leurs palaces et disposer de tout leur confort habituel.

Pour une fois, le gouvernement peut dire qu’il planifie et organise, oui ! Il n’est pas capable de planifier la production d’électricité pour répondre aux besoins de la population, alors il planifie les coupures, la pénurie et le rationnement.

Lors de la crise sanitaire, il manquait masques, blouses et gants, mais le gouvernement planifiait nos heures de sortie. C’est comme cela pour tout.

Le gouvernement est incapable de faire en sorte que tout le monde ait un travail, mais il organise très scientifiquement et rationnellement la baisse des indemnités chômage et le report de l’âge de départ à la retraite.

Le gouvernement planifie le retour vers le passé, vers la misère et la précarité. Et s’il décidait de faire la guerre et sonnait la mobilisation générale de la jeunesse, eh bien, là encore, il ne laisserait le choix à personne.

Seuls les travailleurs peuvent remettre de l’ordre dans ce chaos : en se battant pour imposer que l’économie et la société soient organisées en fonction des besoins de la population.

Nathalie Arthaud

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