De la Commune de 1871 à aujourd'hui : la même guerre de classes, le même besoin d'émancipation des travailleurs !22/03/20212021Éditorial/medias/editorial/images/2021/03/Angle_rue_Chevalier_de_la_Barre-Rue_de_la_Bonne.jpg.420x236_q85_box-0%2C92%2C960%2C632_crop_detail.jpg

Editorial

De la Commune de 1871 à aujourd'hui : la même guerre de classes, le même besoin d'émancipation des travailleurs !

Illustration - De la Commune de 1871 à aujourd'hui : la même guerre de classes, le même besoin d'émancipation des travailleurs !

Il y a 150 ans, le 18 mars 1871, le petit peuple parisien s’insurgeait et proclamait la Commune. Pour ceux qui ne se résignent pas à la domination de la bourgeoisie, c’est, encore aujourd'hui, un fait extraordinaire et enthousiasmant.

La Commune de Paris a été, en France, le premier et le seul pouvoir ouvrier. Du 18 mars au 28 mai 1871, pendant 72 jours, le peuple ouvrier, artisan et boutiquier de Paris - on dirait aujourd'hui le monde du travail - s’est gouverné lui-même.

La bourgeoisie prétend toujours être la seule classe capable de diriger. La Commune a prouvé que les classes laborieuses, les petites gens n’avaient pas besoin de rois, de politiciens, de chefs ou de patrons pour organiser la vie sociale. Elle a fait ce qu’aucun gouvernement bourgeois n’a jamais fait et ne fera jamais : elle a dirigé la société pour qu’elle réponde aux besoins du plus grand nombre. 

En septembre 1870, le pays connut une formidable ébullition politique suite à la défaite contre l’armée prussienne, à la chute de Napoléon III et à la proclamation de la République. Les assemblées et les clubs s’étaient multipliés un peu partout. Et surtout, à Paris, le peuple ouvrier s’était armé et organisé au sein des bataillons de la garde nationale pour se défendre.

Pour le gouvernement républicain bourgeois, c’était la menace d’une révolution ouvrière qu’il fallait tuer dans l’œuf. Lorsqu’il tenta de le faire, le 18 mars 1871, en enlevant les canons gardés dans les quartiers populaires, il déclencha l’insurrection.

Le peuple de Paris organisa alors son propre gouvernement : la Commune. Il choisit des responsables issus de ses rangs, des ouvriers et des militants connus pour leur dévouement aux travailleurs. Aux finances, un ouvrier relieur, Eugène Varlin ; à la commission du travail, Léo Frankel, un ouvrier bijoutier hongrois…

C’en était fini des privilèges, des sinécures et des passe-droits ! Membres de la Commune, chefs de bataillons, fonctionnaires municipaux… tous les responsables étaient élus. Ils trouvaient tout naturel d’être rétribués comme les ouvriers qualifiés, naturel aussi de rendre des comptes. Ils ne s’enfermaient pas dans les palais dorés de la République comme cela se fait aujourd'hui, ils vivaient parmi la population et ils étaient ainsi contrôlés et révocables à tout moment.

Le peuple faisait confiance à ses élus, mais surtout, les élus faisaient confiance au peuple et s’appuyaient sur son action. Associations de quartier, syndicats, coopératives… mille et une initiatives étaient prises pour régler les problèmes des classes laborieuses, et nombre de femmes, comme l’institutrice Louise Michel ou l’ouvrière Victorine Brocher, y tinrent les premiers rôles. 

Il fallait nourrir de toute urgence la population ? Des cantines collectives furent mises sur pied. Il fallait donner un toit à des milliers de familles ? Les Communards décidèrent un moratoire sur les loyers et réquisitionnèrent les logements vacants. Il n’y avait plus de travail ? Ils chargèrent les associations ouvrières de faire tourner les ateliers abandonnés. Il fallait éduquer les enfants ? Les églises furent réquisitionnées et transformées en écoles, des volontaires sollicités…

Le petit peuple de Paris pouvait compter sur un gouvernement qui prenait fait et cause pour le locataire contre le propriétaire, pour l’ouvrier contre le capitaliste, pour le pauvre contre le riche.

Une telle démonstration était intolérable pour la bourgeoisie. Le gouvernement de Thiers écrasa la Commune, fusillant sans autre forme de procès quelque 20 000 Communards.

Aujourd'hui, la société fonctionne à l’inverse des principes de la Commune : le gouvernement dirige au service exclusif d’une minorité richissime, pour les profits et la propriété privée de cette poignée de parasites. C’est ce qui rend la société incapable de trouver les solutions aux maux dramatiques qu’elle génère : le chômage, les crises économiques ou la crise écologique.

C’est ce qui fait que, dans cette pandémie, aucun gouvernement ne veut transformer les vaccins en biens communs de l’humanité, ni réquisitionner les usines et les laboratoires pour les produire en masse. C’est ce qui rend les pouvoirs publics incapables de réquisitionner les logements vacants et, à plus forte raison, d’exproprier les capitalistes qui ferment des usines et transforment des régions entières en déserts industriels.

Non, la Commune n’appartient pas au passé. Elle nous rappelle qu’un autre monde est possible, que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

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