Editorial

La reprise doit surtout être celle des luttes !

La reprise doit surtout être celle des luttes !

S’il y a un heureux, en cette rentrée, c’est Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie. Il l’est parce que les patrons du Medef, eux-mêmes, sont heureux. Et comment !

Les milliardaires français sortent de la crise du Covid avec une augmentation de 40 % de leur fortune. En août, le CAC 40 a atteint son plus haut niveau depuis 21 ans et les entreprises cotées ont explosé leurs bénéfices avec 57 milliards, rien que pour le premier semestre 2021. Les six plus riches, PSA-Stellantis, LVMH, ArcelorMittal, BNP Paribas, TotalEnergies et AXA, affichent chacune des profits de plus de 4 milliards d’euros.

Au-delà du CAC 40, c’est l’ensemble du grand patronat qui se frotte les mains, car il ne s’est pas contenté d’encaisser les aides de l’État, il a aussi profité de la situation pour restructurer et resserrer la vis sur les salariés et renforcer l’exploitation.

Quel patron n’a pas sauté sur l’occasion pour utiliser le chômage partiel, payé par l’État, et imposer des cadences infernales sur les temps travaillés ? Lequel n’a pas utilisé la crise pour bloquer les salaires et ne pas payer certaines primes ? Lequel n’en a pas profité pour imposer des départs en préretraite non remplacés, renvoyer des CDD et des intérimaires ou pour mettre en place de nouveaux plans de compétitivité et de licenciement ?

C’est le labeur de millions de salariés qui a produit les milliards de profits et de dividendes. Et la pression mise sur les exploités est au plus haut, y compris pour ceux qui télétravaillent. En cette rentrée, avec le passe sanitaire, les patrons ont même un nouvel instrument pour mettre les salariés au pas.

Aujourd'hui, tout est en place pour faire trimer les travailleurs comme jamais et le patronat a de quoi se réjouir. Mais c’est autant de raisons pour les travailleurs d’être en colère, et il faut qu’elle s’exprime !

Renault et Airbus ont annoncé chacun 15 000 suppressions d’emplois, qu’ils maintiennent alors qu’ils sont redevenus bénéficiaires. Fonderies et usines de grands groupes ferment, laissant sur le carreau des milliers de travailleurs. Les pénuries de composants mettent des usines à l’arrêt et amputent les salaires de milliers de salariés. Allons-nous laisser les actionnaires se goinfrer, pendant que les travailleurs perdent leur gagne-pain ou n’arrivent plus à joindre les deux bouts ?

La crise sanitaire a fait basculer nombre de travailleurs dans le chômage et la misère, elle a bouché l’horizon de bien des jeunes. Allons-nous laisser le gouvernement réduire leurs allocations et leurs droits au chômage dès le 1er octobre ?

Et puis, il y a la question des salaires. Dans l’hôtellerie-restauration, le gouvernement reconnait que « les salaires trop bas expliquent le problème de recrutement ». Mais s’il le pense vraiment, qu’il oblige les patrons à augmenter lesdits salaires ! Non seulement il ne le fait pas, mais il refuse même de donner un "coup de pouce" au Smic qui restera bloqué autour de 1200 € et qui condamne à la misère des millions de femmes et d’hommes. Tout cela est d’une hypocrisie sans nom, d’autant que l’État s’oppose lui-même aux augmentations nécessaires dans les hôpitaux et l’Éducation !

Le niveau des salaires ne doit pas rester une discussion de salon entre ministres et patronat. Il faut que l’on s’en mêle et que l’on se batte pour l’augmentation générale des salaires et leur indexation sur l’inflation réelle.

Tout augmente : l’essence, le gaz, l’électricité, les loyers, les assurances, les prix des matériaux. Et tôt ou tard, la flambée des prix des céréales se répercutera sur les prix alimentaires, à commencer par celui du pain. Il n’y a que les salaires qui n’augmentent pas.

Pendant l’été, la colère existante dans le monde du travail n’a eu, pour s’exprimer, que les manifestions centrées contre le passe sanitaire et l’obligation vaccinale, car les organisations syndicales, elles, ont brillé par leur absence.

En cette rentrée, une intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires a tout de même décidé une journée d’action interprofessionnelle mardi 5 octobre. Eh bien, ce n’est pas trop tôt !

Mais à quoi rime la multiplication des appels catégoriels que l’on voit fleurir, si ce n’est à disperser d’avance une contestation qui ne s’exprime pas encore !

Il est temps que les travailleurs disent la colère que leur inspire le mépris gouvernemental et ils doivent le faire unis et offensifs sur leurs intérêts essentiels. Les intérêts vitaux des travailleurs, leur emploi, leur salaire, leurs conditions de travail et leur retraite – toujours dans le collimateur de Macron - doivent passer avant les intérêts d’une classe de parasites de plus en plus riches et irresponsables vis-à-vis de la société.

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