Editorial

Les travailleurs n'ont pas à mourir pour les industriels !

Les travailleurs n'ont pas à mourir pour les industriels !

L’épidémie continue de s’étendre. De plus en plus de services de réanimation atteignent leur point de rupture ; le 15 est submergé. Certains Ehpad sont devenus des mouroirs, faisant craindre l’hécatombe. Le personnel soignant nous supplie de respecter le confinement le plus strict. Et à quoi pensent les industriels ? À redémarrer leurs usines au plus vite.

C’est le cas de PSA, Renault, Airbus, Safran qui programment leur montée en charge…Certains se cachent derrière l’alibi de fabriquer quelques respirateurs, la réalité est que ces grands groupes s’ajouteront aux entreprises non vitales, de l’armement aux cosmétiques, qui ne se sont jamais arrêtées. Ils imposeront la remise au travail de milliers de sous-traitants. C’est irresponsable et criminel.  

Le rassemblement évangélique de Mulhouse a été le point de bascule de l’épidémie en France. En rouvrant ces usines, le gouvernement et le grand patronat recréent 10, 20, 30 rassemblements du même type, au risque de relancer l’épidémie. Pourquoi ? Pour que les ouvriers continuent de suer des profits pour Dassault ou Peugeot. Et après cela, Macron nous dira que la santé passe avant la recherche des profits !

Depuis le début de l’épidémie, chaque décision gouvernementale est pesée, calculée en fonction des intérêts des capitalistes. Il y a bien un plan d’urgence sanitaire, mais celui-ci ne consiste pas à fabriquer masques, gants, tests, respirateurs et médicaments derrière lesquels courent toujours les personnels de santé après dix semaines de mobilisation. Il ne consiste pas à renforcer et à sécuriser le personnel des Ehpad, ne serait-ce qu’en leur permettant de se tester régulièrement. Il n’organise pas des hébergements pour isoler comme il le faudrait les cas positifs au Covid-19 !

Ce plan de guerre injecte 345 milliards dans l’économie pour assurer la continuité des affaires et rassurer les spéculateurs. Il autorise, au prétexte de l’état d’urgence sanitaire, des semaines de travail de 60 heures et légalise le vol de RTT et de semaines de congés payés à ceux qui sont au chômage technique ou là où l’activité est réduite. Imposer et faire accepter des sacrifices exceptionnels aux travailleurs pour les intérêts de la minorité capitaliste, voilà à quoi servent tous ces discours guerriers !

Comme dans toute guerre, il y a les troupes, la chair à canon, constituées par les travailleurs : les hospitaliers, les ambulanciers, les auxiliaires de vie, les éboueurs, les salariés de la distribution, de l’entretien, des transports, de l’énergie ou les ouvriers de l’agroalimentaire, de la chimie ou de la pharmacie… qui montent au front au péril de leur vie. De l’autre côté, il y a les profiteurs de guerre, les industriels et les banquiers planqués à l’arrière qui cherchent à exploiter la situation.

Pendant que les uns s’échinent à sauver des vies, les actionnaires sont derrière leurs écrans à l’affût du jackpot boursier. Ils s’activent pour sauver leurs profits avec la peau des travailleurs. Eh bien, il faut résister aux pressions et à l’appel aux sacrifices ! Il faut se battre pour que nos vies et nos intérêts de travailleurs soient respectés.

Des millions d’employés et d’ouvriers, ceux-là même que l’on disait en voie de disparition, sont indispensables à la vie sociale et on leur doit la sécurité maximum. Mais les postiers n’ont pas à risquer leur santé et celle de leur famille pour distribuer des catalogues Damart ou Décathlon. Les manutentionnaires d’Amazon n’ont pas à mettre leur vie en danger pour livrer des chaussures ou des DVD. Et les ouvriers de l’automobile n’ont pas à sacrifier leur peau pour que leur entreprise prenne une longueur d’avance sur ses concurrents !

Macron nous demande du civisme, de la solidarité et des efforts pour la « nation ». Mais par « nation », il entend les actionnaires et la bourgeoisie. Car si le gouvernement a autorisé les entreprises à ne plus payer leurs loyers et leurs impôts, il ne l’a pas fait pour les travailleurs qui ne le peuvent plus. S’il veille à ce que les entreprises ne subissent pas de chute de trésorerie, il a acté la perte de 16 % du salaire net pour des millions de salariés au chômage technique.

Sous couvert d’union nationale contre le virus, l’exploitation et la lutte de classe continuent. Et à côté de la sacro-sainte propriété privée et de la recherche de profits, la vie des travailleurs ne pèse pas lourd. Alors, il faut que les travailleurs se souviennent des mots d’Anatole France au lendemain de la Première Guerre mondiale : « On croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels ». Si nous ne voulons pas que cela se reproduise, il va falloir nous battre pour sauver notre peau en contestant tout l’ordre social bourgeois.

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