Editorial

Violences policières : une politique de classe

Violences policières : une politique de classe

Après le décès de Steve Maia Caniço, des rassemblements et des manifestations se sont tenus samedi dernier pour dénoncer les violences policières. La colère et les interrogations qui s’y sont exprimées vis-à-vis de la police et du gouvernement sont plus que légitimes.

Les conditions du décès de ce jeune de 24 ans, qui s’est noyé dans la Loire le 22 juin, sont accablantes pour les forces de police. Les policiers antiémeutes sont allés au contact, matraques au poing et chiens en laisse, contre des jeunes dont le seul crime était d’avoir prolongé la fête de la musique une demi-heure de trop.

Ils ont tiré 33 grenades lacrymogènes, lancé 12 balles de défense et 10 grenades de désencerclement. Cherchant à fuir les gaz dans l’obscurité, 14 personnes sont tombées dans la Loire. Et que dit l’enquête de l’IGPN, la police des polices ? Qu’il n’y a pas de lien entre l’intervention des forces de police et la noyade de Steve !

Et c’est droits dans leurs bottes que Castaner et Philippe ont repris à leur compte ce mensonge grossier. L’action policière aurait été « légitime » et « proportionnée ». Autrement dit, « circulez, il n’y a rien à voir ! ».

Face à l’indignation suscitée par ces conclusions, Castaner a concédé du bout des lèvres qu’il y avait un « questionnement sur l’utilisation des lacrymogènes ». De son côté, l’IGPN a reconnu que tous les témoignages n’avaient peut-être pas été pris en compte... Mais ils ont fait et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour enterrer l’affaire.

Comme pour les 151 jeunes de Mantes-la-Jolie contraints à se mettre à genoux, mains sur la tête, comme dans la mort de Zineb Redouane à Marseille, tuée par une grenade de désencerclement alors qu'elle fermait ses volets pendant une manifestation des gilets jaunes, l'IGPN et, à sa suite, le gouvernement nient toute bavure. Ils cacheront des preuves, ils mentiront et ils soutiendront la police.

Comme tous les gouvernements qui l’ont précédé, le gouvernement Macron est prêt à couvrir n’importe quelle exaction de la police parce qu’il en a besoin pour imposer sa politique. Parce qu’il compte sur elle pour museler, matraquer et réprimer les contestataires, quitte à les blesser grièvement, voire mortellement.

Les dirigeants politiques de tout bord déplorent le délitement du « lien de confiance » entre la police et la population. Mais, contrairement au conte de fées que l’on nous sert, le rôle principal de la police n’est pas d’assurer la sécurité de la population et de faire traverser les enfants et les personnes âgées aux passages piétons. Elle a, bien sûr, à intervenir régulièrement contre des fous dingues, et elle le fait. Mais sa raison d’être est d’abord et avant tout de protéger un ordre social injuste et inégalitaire contre d’éventuelles révoltes.

Les forces de répression constituent l’arme ultime des dirigeants pour faire passer leur politique antiouvrière et préserver les intérêts et l’ordre de la grande bourgeoisie. La violence d’État contre les travailleurs et les opprimés est une nécessité pour ceux qui sont au pouvoir. Tous les travailleurs qui ont été engagés dans des grèves un peu longues et déterminées en savent quelque chose. Quant à tous ceux qui ont participé aux manifestations des gilets jaunes, ils l’ont appris à leurs dépens.

Au cours de ce mouvement, il y a eu des centaines de blessés. Certains y ont perdu un œil ou une main parce que les forces de police avaient pour mission d’intimider et de décourager en réprimant brutalement tous les manifestants, qu’ils soient pacifiques ou non. Et il s’agissait bel et bien d’une stratégie gouvernementale.

En guise de bons et loyaux services, Castaner a d’ailleurs, le 16 juin, récompensé les principaux protagonistes de cette répression. Parmi les décorés, on compte les deux commissaires ayant commandé la charge qui a gravement blessé Geneviève Legay à Nice, celui qui a dirigé les opérations lors de la fête de la musique à Nantes, etc…

Oui, le ministre de l’Intérieur honore les briseurs de crânes, parce qu’il veut pouvoir compter sur eux pour mater les protestations de demain. Dans une récente interview, Macron a reconnu que « les raisons qui ont conduit à l’éclatement de colère dans le mouvement des gilets jaunes n’ont pas disparu ». Autrement dit, le pouvoir s’attend et se prépare à de nouveaux combats sociaux.

Eh bien, le camp des travailleurs et des opprimés doit lui aussi se préparer ! Tant que nous vivrons dans une société fondée sur l’exploitation, où une minorité de capitalistes s’enrichit en faisant reculer la majorité, nous aurons à nous battre. Et pour avoir une chance de gagner, il faut nous aussi nous rassembler et nous organiser.

 

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