Editorial

Vive la grève des cheminots !

Vive la grève des cheminots !

Avec, en moyenne, un train sur huit ou dix prévu les 3 et 4 avril, la grève des cheminots s’annonce massive. Agents de conduite, aiguilleurs, contrôleurs, guichetiers, travailleurs des ateliers ou des voies… la mobilisation touche tous les métiers du chemin de fer, cadres compris.

N’en déplaise aux commentateurs qui ont passé des semaines à démontrer par A plus B qu’une grève comme celle de 1995 n’était plus possible à la SNCF, les cheminots n’ont rien perdu de leur combativité et de leur détermination. Ils ne se laisseront pas faire, et ils ont mille fois raison. 

Dans cette jungle qu’est la société capitaliste, on ne se fait respecter qu’en montrant sa force. Avoir confiance dans ses forces et se battre collectivement, voilà ce qui manque au monde du travail depuis des décennies. Eh bien, en engageant le combat, les cheminots montrent la voie pour tous les travailleurs !

Le gouvernement parle de reprise, les profits battent des records, les fortunes de quelques-uns atteignent des sommets, pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter les licenciements, le blocage des salaires ou le recul de leurs droits à la retraite ? Pourquoi se résigner à toujours plus de précarité ?

Le projet du gouvernement pour le ferroviaire n’est ni plus ni moins qu’un cadeau supplémentaire au grand capital et une attaque contre le monde du travail. C’est non seulement la liquidation des droits des cheminots, mais c’est aussi la liquidation de ce qui reste de service public à la SNCF.

Alors oui, en défendant leur statut, les cheminots défendent aussi la sécurité de leur emploi, leur salaire et leur retraite. Exactement comme le font aujourd'hui les salariés d’Air France. Comme l’ont fait, ce week-end, les salariés de Carrefour qui s’opposent aux licenciements et au mépris de leur patron. Ou, comme l’ont fait, le 22 mars, les salariés de la fonction publique en même temps que les cheminots.

Il faut être solidaire de cette grève, malgré les complications qu’elle provoque. Avant de la commencer, les cheminots ont dû faire face à une campagne grossière de dénigrement. Avec les usagers en galère, celle-ci va redoubler d’intensité. Lors de la mobilisation contre la loi El Khomri, en 2016, le gouvernement socialiste avait fait feu de tout bois contre les grévistes des raffineries et de la SNCF. Ils avaient été accusés de prendre le pays en otage, de manquer de solidarité vis-à-vis des sinistrés des inondations et même de vouloir saboter l’Euro de football !

Cela va recommencer. Ce sont des travailleurs qui auront droit aux accusations d’égoïsme et de corporatisme, alors que la rapacité de la bourgeoisie s’abat comme jamais sur le monde du travail.

Carlos Tavares, le PDG de PSA, a encaissé la prime exceptionnelle d’un million d’euros pour le rachat d’Opel, quand, pour les ouvriers, c’est le blocage des salaires. Avant de la relever, Carrefour avait osé fixer à 57 € la prime de participation, alors que les actionnaires se partagent 356 millions d'euros ! Quant à Whirlpool, il avait proposé un sèche-linge pour solde de tout compte aux salariés dont il se débarrasse. Aucun ministre, ne s’en est offusqué !

Alors, ne nous laissons pas abuser. Cette grève va certes engendrer nombre de difficultés pour tout un chacun. Mais nous sommes aussi des travailleurs, et notre intérêt est que cette grève réussisse, se développe et soit victorieuse.

Cela fait des décennies que nous sommes attaqués, les uns après les autres, entreprise par entreprise. C’est vrai dans le privé comme dans le public. Depuis qu’il est au pouvoir, Macron en a rajouté, en multipliant les mesures anti-ouvrières. Casse du code du travail, facilités pour licencier, baisse des APL et des emplois aidés, augmentation de la CSG, contrôle renforcé des chômeurs… Jusqu’à présent, il n’a pas rencontré d’opposition massive. Aujourd'hui, les cheminots sont prêts à se battre et cela peut changer la donne.

Si cette grève se renforce et trouve l’appui du monde du travail, oui, les cheminots peuvent infliger le premier revers au gouvernement Macron.

Et cette victoire en serait une pour nous tous. Elle mettrait un coup d’arrêt à l’offensive gouvernementale. Elle ferait ravaler leur morgue à ces notables qui nous dirigent et elle redonnerait confiance à tous les travailleurs pour se faire respecter.

Alors, disons-le haut et fort : la grève des cheminots est aussi la nôtre. Défendons-la, soutenons-la. Ensemble, avec les cheminots, nous pouvons faire reculer Macron et son gouvernement.

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