Christine Tulipe (LO), de la « lutte des classes » à la « guerre sociale »23/01/20202020Presse/medias/articlepresse/images/2020/01/Tulipe-christine-Dauphine.jpg.420x236_q85_box-56%2C0%2C944%2C500_crop_detail.jpg

Article de presse

Élections municipales : Saint-Martin-le-Vinoux (Isère)

Christine Tulipe (LO), de la « lutte des classes » à la « guerre sociale »

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« On veut être un noyau qui, à Saint-Martin-le-Vinoux, mène ce combat pour la lutte des classes. Alors, qu’il y ait plus de spectacles dans la commune, très bien. Mais les salaires, le chômage, la précarité, ce n’est pas au niveau de la mairie que ça se règle », dit Christine Tulipe. Photo Le DL /V

La conseillère municipale d’opposition prend la tête d’une liste “Lutte ouvrière” non pas pour conquérir la mairie mais pour essayer de commencer à changer le monde. À l’entendre, il y a du boulot !

Immuable. Christine Tulipe, militante Lutte ouvrière (LO) depuis plus de 30 ans, conseillère municipale d’opposition à Saint-Martin-le-Vinoux, mène une liste LO aux élections. Son discours, ses slogans, sa détermination ne changent pas : ce sont les mêmes qu’aux municipales de 2014, les mêmes qu’il y a 10 ou 20 ans sur d’autres élections… et pas mal de manifestations. Même l’intitulé de sa liste est, en 2020, exactement le même qu’en 2014 : “Lutte ouvrière - Faire entendre le camp des travailleurs”.

« Oui, on présente une liste pour faire entendre le camp des travailleurs. Car, à l’image du débat sur la retraite, il y a deux camps : les travailleurs, qui font marcher tous les rouages de la société ; et la haute hiérarchie de l’État, avec les gros actionnaires au-dessus, qui nous font les poches, dit Mme  Tulipe. C’est cette conscience des classes qu’il faut réaffirmer, car c’est une guerre sociale qui se mène. »

Certes, mais quel est le rapport entre cette « guerre sociale » et la gestion d’une mairie, avec ses problématiques très locales ? « Avec notre liste, on ne se pose pas comme le meilleur gestionnaire de la mairie, on ne veut pas gérer la pénurie. La TVA, l’impôt le plus injuste, ne dépend pas de la mairie. Pas plus que les bas salaires, le chômage et la précarité. Mais notre liste aux municipales, c’est un petit pas pour renforcer la conscience de classes. Si on avait à gagner une mairie, ce serait pour faire un point d’appui dans la lutte des travailleurs. »

Christine Tulipe a-t-elle, quand même, des combats locaux à mener, elle qui participe à tous les conseils municipaux, où elle s’abstient sur tous les budgets de la commune depuis 2014 ? « La mairie pourrait agir sur les bailleurs sociaux qui ont des logements dans la commune. Mais en mairie, même des gens bien intentionnés ne peuvent pas faire grand-chose, le maire a un rôle très limité. Sur la diminution des horaires de la Poste, le maire a dit lui-même qu’il ne pouvait rien faire. Si EDF ou Econocom, avec 1 500 emplois déplacés mais pas créés (sur le Parc d’Oxford, NDLR), veulent faire un plan d’austérité, ils ne demanderont pas l’avis du conseil municipal ».

« Le bulletin de vote LO, c’est déjà un petit pas »

Quel regard l’élue porte-t-elle sur les deux listes concurrentes, menées par deux élus, Sylvain Laval et Christian Gros, après un éclatement de la majorité ? « Il se passe ici la même chose que dans plein d’autres communes, avec un PS fracturé, certains préférant se tourner du côté de Macron, comme c’est le cas de Sylvain Laval, démissionnaire du PS en 2018, et jusqu’à fin décembre 2019 membre du cabinet de Nicole Belloubet, la ministre de la Justice. En ces temps d’élections, il n’a pas l’air très fier de son CV. Il a travaillé toutes ces dernières années dans les ministères, pour Macron, mais nous dit qu’il ne fait pas de politique. Et puis il y a le reste du PS qui essaie de refaire une union de la gauche. »

Mais tout ça n’est pas la tasse de thé de la candidate LO, pour qui « le bulletin de vote LO, c’est déjà un petit pas pour défendre les intérêts de la classe ouvrière ».

On vous l’avait dit : immuable.

Vincent Paulus

 

Bio express

Christine Tulipe, 57 ans, est professeure de SVT (sciences de la vie et de la terre) au collège Chartreuse à Saint-Martin-le-Vinoux.

Élue conseillère municipale en 2008 sur la liste de Yannik Ollivier, elle présenta une liste LO en 2014 dont les 7,55 % recueillis au 1er  et unique tour lui permirent d’être élue conseillère municipale d’opposition.

Sa première participation à une élection fut pour des légistatives à Bourgoin-Jallieu, au début des années 90. Depuis, elle a participé à plusieurs élections départementales (naguère cantonales) et législatives. Sa dernière campagne fut celle des législatives en juin 2017 sur la 5e  circonscription, où elle obtint 0,57 % des voix au 1er  tour.

Elle avait 24 ans quand elle a adhéré à Lutte ouvrière.

« Des migrants perpétuels du travail »

« Une dizaine de colistiers présents en 2014 seront toujours là en 2020. Mais beaucoup n’habitent plus à Saint-Martin-le-Vinoux, ils ont dû déménager à cause du boulot, ce sont des migrants perpétuels du travail. »

« Sur ma liste, j’ai par exemple deux retraités qui bossent encore car ils ont une retraite trop petite pour pouvoir en vivre. Il y a aussi une femme qui doit prendre un temps partiel dans son travail pour s’occuper de ses vieux parents de plus en plus dépendants, car il n’y a pas de structure digne de ce nom pour les accueillir. C’est pour arrêter ça qu’on se bat. »

« Les gilets jaunes l’année dernière, les retraites cette année… Dans les hôpitaux, même les chefs de service disent que ce sont les directeurs financiers qui dirigent. “Guerre sociale”, ce n’est pas un mot comme ça. Oui, il faut vraiment que les travailleurs relèvent la tête. »

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