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À Grenoble, Lutte Ouvrière dévoile une liste pro travailleurs et anticapitaliste

Municipales : À Grenoble, Lutte Ouvrière dévoile une liste pro travailleurs et anticapitaliste
À Grenoble, Lutte Ouvrière dévoile une liste pro travailleurs et anticapitaliste

À un peu plus de deux semaines du scrutin, Catherine Brun a officialisé les 58 noms qui vont l’accompagner dans sa 3e  campagne. Des nouvelles têtes, mais toujours issues « du camp des travailleurs ».

Pour tenter de dresser un profil global des candidats qui composent la liste “Lutte Ouvrière, faire entendre le camp des travailleurs” - déposée mi-février en préfecture - il suffit d’inverser la logique habituelle et regarder ceux qui n’y figurent pas : « Il n’y a aucun politicien professionnel et aucun notable », assure Catherine Brun, tête de liste pour Grenoble, à l’occasion de la présentation des colistiers ce mercredi, au café Viallet. Pas vraiment surprenant, quand on connaît ses revendications et celles de LO, qu’elle emmène pour la troisième fois consécutive à la conquête de la mairie après deux échecs successifs en 2008 (1,43 %) et 2014 (1,19 %).

59 travailleurs, de nombreux novices

Pas vraiment surprenant, non plus, d’y trouver une foule de militants syndicaux ou issus du monde associatif. « La liste est le reflet des gens auxquels on s’adresse : on compte des informaticiens, des auxiliaires de vie, des chercheurs, des enseignants, des femmes de ménages, et pas seulement des ouvriers de l’industrie », nuance Rémi Adam, numéro 2 et lui-même enseignant en lycée professionnel. Une équipe constituée « naturellement » et sans réelles difficultés. « On a des tas de travailleurs autour de nous », explique Catherine Brun. Dont une majorité de novices en politique, qui sont venus se greffer après les deux précédentes échéances. « Certains camarades n’avaient pas encore le droit de vote auparavant », précise-t-elle.

L’objectif, lui, n’a pas bougé d’un iota : la lutte acharnée contre le système capitaliste, dans une société où « le fossé entre les riches et les pauvres se creuse ». Et cette fois, c’est portés par un contexte fait de longs mouvements de grèves, notamment contre la réforme des retraites, que les candidats LO comptent « mobiliser les travailleurs, pour combattre cette société organisée en fonction des intérêts de quelques-uns. Cette colère générale, elle touche tout le monde. » Une vision nationale car collective, mais pas sans lien avec le communal, où Grenoble deviendrait le terreau des luttes des classes laborieuses.

« Contrairement aux autres candidats, on ne va pas faire de promesses électoralistes, concède Catherine Brun. On ne va pas dire qu’on va mieux gérer la commune. On ne va pas avoir un “nouveau regard sur Grenoble” ou respirer un “Nouvel air”, avec tout un catalogue de mesures qui n’engagent que ceux qui les ont écrites. » Les adversaires ici visés apprécieront. « Nous dirons seulement que les travailleurs n’obtiendront rien d’essentiel sans imposer un rapport de force avec la classe capitaliste. » Parce que la tête de liste l’assure : « Même avec la meilleure volonté du monde, aucun maire ne peut à lui tout seul compenser les dégâts engendrés par la société. Une municipalité peut développer des aides, rendre la santé et les transports publics plus accessibles. C’est utile, mais ça ne peut empêcher les ravages engendrés par la fermeture d’une usine, ou les licenciements. » Les 59 travailleurs comptent donc sur un grand élan populaire, de ceux qui ont forgé les luttes entamées il y a un peu plus d’un an par les gilets jaunes. « Et jusqu’à récemment, où des milliers de Grenoblois sont descendus dans la rue pour dire leur colère. Nous verrons donc comment ils l’exprimeront lors des élections. »

Romain Métairie

 

Une municipalité de luttes au programme

Guidé par l’idée d’un renversement du capitalisme par les travailleurs, comment l’équipe LO appliquerait une telle vision à l’échelle de la ville ? « On ferait de la municipalité un point d’appui pour mener toutes les luttes dans son périmètre, rétorque Catherine Brun. Les portes de la mairie seraient grandes ouvertes aux travailleurs, les locaux mis à la disposition des grévistes. » Des permanences juridiques pourraient ainsi être organisées pour aider les travailleurs dans leurs combats, « avec les syndicats et les associations de travailleurs qui seraient associés à toutes les décisions ». Parmi elles : une mobilisation contre les expulsions locatives, les coupures d’électricités…

Dossier prioritaire sur Grenoble justement : le logement. Et une même question : « Est-ce que la mairie a le pouvoir de lancer des grands chantiers de logements sociaux ? Il y a 7 000 demandes de logements sociaux sur la ville par an, constate la tête de liste. De ce point de vue là on est un peu contraints. Au niveau de la commune, on n’a pas la possibilité de répondre aux problèmes vitaux des travailleurs. Ce n’est pas là que ça se décide. Par contre, regarder où sont les logements vides, les recenser et les réquisitionner pour y placer des familles dans le besoin, ça, c’est possible. Mais ça nécessitera des bagarres car on ne respectera pas la propriété privée des bourgeois, qui va contre les intérêts des travailleurs. »

L’autre exemple pris par la candidate LO est celui de la thématique écologiste, dont les mesures jalonnent la campagne. Là, elle invite à s’attaquer directement « aux industriels de la vallée de la chimie, les vrais responsables de la pollution. Est-ce qu’on a pris des mesures contre leurs stocks qui sont absolument dangereux, contre la pollution des sols qu’ils font depuis des dizaines d’années ? Au lieu de taxer les plus modestes en imposant des vignettes automobiles. » Et de proposer une de ses solutions : « Les travailleurs qui sont dans ces entreprises pourraient être des lanceurs d’alertes et expliquer quels sont les dangers, quelles sécurités ne sont pas respectées ? »

©  Le Dauphiné libéré (27/02/2020) - Droits de reproduction et de diffusion réservés

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