”Nous n'allons pas décréter à la place des travailleurs les combats qu'ils veulent mener”13/03/20202020Presse/medias/articlepresse/images/2020/03/PART_15834899171871.jpg.420x236_q85_box-0%2C46%2C849%2C523_crop_detail.jpg

Article de presse

Marie Ducruet, tête de liste Lutte ouvrière à Chambéry

”Nous n'allons pas décréter à la place des travailleurs les combats qu'ils veulent mener”

Illustration - ”Nous n'allons pas décréter à la place des travailleurs les combats qu'ils veulent mener”

Il n'y avait pas eu de tête de liste Lutte ouvrière depuis 1983 à Chambéry. Si les militant(e)s n'ont jamais cessé de travailler tant sur le terrain que dans les entreprises, en pleine crise sociale à l'occasion du vote de la réforme des retraites, force est de constater que 45 personnes se sont retrouvées dans l'idée de défendre les intérêts des travailleurs contre "le capitalisme qui nous mène droit dans le mur". Le scrutin municipal est l'occasion que saisit la candidate Marie Ducruet et ses colistiers pour s'y opposer. 

L'objectif est simple: faire entendre le "camp" des travailleurs, la méthode est claire: "c'est par la lutte que nous y parviendrons". Pour la liste Lutte ouvrière, pas de programme, de liste de points. "Nos candidats ne font aucune promesse", soutient Marie Ducruet, "nous refusons un programme qui soit un inventaire à la Prévert, nous n'allons pas décréter à la place des travailleurs les combats qu'ils souhaitent mener."  Alors, cette première liste à Chambéry depuis 27 ans, par la force des choses, sonne comme une première pierre. Un essai que les candidats souhaitent transformer les 15 et 22 mars prochains. 

"Ce qui me révolte, c'est que des travailleurs n'aient pas de quoi manger"

Née à Chambéry, il y a 31 ans, Marie Ducruet travaille dans l'administration à l'Université de Grenoble. Révoltée "depuis toujours", mais plus précisément "depuis le collège / lycée, sans élément déclencheur particulier, mais à cause de plein de sujets de révolte, qui a cet âge-là, commandent de s'y intéresser pour savoir comment ils s'articulent." Son esprit critique, Marie Ducruet l'aiguise avec le marxisme, le trotskisme, en parallèle de ses études de langue. Un engagement chevillé au corps, que l'on comprend comme un réel combat d'idées, auxquelles elle veut clairement donner un sens, concrètement. "Les élections, c'est l'occasion de dire clairement qu'il existe deux camps, nous refusons cette histoire de "citoyens" : cela signifie que nous sommes dans le même camp que Bernard Arnault, alors que c'est faux, et en plus cela exclut tous les travailleurs étrangers, alors que nous souhaitons abolir les frontières, puisque ce qui nous rassemble, c'est que nous appartenons à la même classe, que nous défendons les mêmes intérêts."  Aucun doute sur la finalité donc: renverser le système, inégalitaire : "Ce qui me révolte, c'est que des travailleurs n'aient pas de quoi manger, aujourd'hui, on ne peut pas vivre dignement," s'insurge la candidate, "c'est notre classe qui produit tout et ce sont eux qui s'engraissent à coups de milliards !"  Ce qui explique la présence, dans les cortèges des Gilets jaunes à Chambéry, de représentants Lutte ouvrière. Ce qui permet également, de comprendre les motivations de Marie Ducruet de monter cette liste à Chambéry, au-delà des idées communes aux autres listes dans "toutes les communes où cela a été possible.

A Chambéry-le-Haut, "le manque de services de base, l'absence de la poste, la baisse de dotations publiques pour le service hospitalier, laissant l'hôpital dans un état catastrophique, tout ce qui est utile à la population est touché." Alors, il va falloir s'organiser, "les travailleurs sont les plus nombreux, les plus indispensables.

"Nous sommes conscients que le maire n'a pas les clés en main" 

Les problématiques chambériennes, Marie Ducruet n'en omet aucune, notamment celle des transports. Alors que sur ce point, son point de vue semble se rapprocher de celui des listes "Chambéry sociale et écologiste" et "Chambé Citoyenne", mais aussi de celle du "NPA" de Laurent Ripart, la candidate LO va plus loin encore : "Oui, il faut des transports gratuits, bien sûr, mais il faut surtout des navettes pour que les travailleurs puissent aller prendre leurs postes, à 4 h du matin, chez Cémoi ou chez Alpina," s'insurge-t-elle ! "Et que ce soient les employeurs qui les financent avant tout, sur leurs profits et pas uniquement sur la taxe transports, d'autant que cela a existé ! Avant, il y avait des cars financés par les grandes entreprises pour acheminer les travailleurs !" Il en est de même pour certains logements insalubres au Biollay, l'absence de services de proximité dans les hauts de Chambéry, "heureusement qu'il y a des associations, leur dévouement va à l'encontre de l'idée d'individualisme, mais ce n'est pas suffisant, cela pallie tout ce qui manque," s'exclame-t-elle ! Pour Marie Ducruet et ses colistiers "l'argent est le nerf de la guerre, et il faut aller le chercher là où il y en a, c'est-à-dire dans les poches des grands patrons, parce que nous sommes conscients que le maire n'a pas les clés en main, la preuve c'est que certains maires ont pris des arrêtés anti-expulsions et que ces arrêtés ont été cassés par les Préfets. Il faut que la classe ouvrière ait les idées claires !

Loin d'être utopiste, Marie Ducruet est consciente que le poids de Lutte ouvrière ne sera pas suffisamment lourd pour faire balancer le scrutin en faveur de sa liste. "Nous savons très bien les scores que nous faisons," reconnaît-elle, "notre but, c'est qu'il y ait une perspective claire pour les travailleurs à Chambéry, faire entendre leur voix, pour une fois. Nous ne faisons pas tout ce travail pour rien, avec mes colistiers. Idéalement, nous espérons avoir un élu au conseil municipal, pour surveiller ce qui prime, l'intérêt des travailleurs. Ce qui est sûr c'est que nous ne co-gérerons par une mairie de gauche. Dans tous les cas, nous serons là, partout où les habitants et les travailleurs seront, nous ne disparaîtrons pas après les élections, leur voix doit toujours être entendue." 

Présente dans toutes les manifestations depuis le 5 décembre, la candidate avoue n'avoir jamais vu autant de gens dans la rue à Chambéry depuis très longtemps. Ce qui lui donne envie de croire que tout est possible, qu'il est en tous les cas permis de penser "qu'il faut que notre classe gagne, pour s'organiser et renverser la table. Nous pourrions faire une société tellement bien, avec la technologie d'aujourd'hui, les avancées sur tous les plans, une société digne pour tous," conclut-elle, "si seulement le pour-cent de ceux qui sont à l'origine de tous les problèmes n'avaient plus le pouvoir." D'ici là, une réunion publique est organisée le jeudi 12 mars prochain à la Salle René Rey, dans le quartier du stade à Chambéry. 

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