Fête régionale : Le texte de l'allocution31/10/20222022Brèves/medias/breve/images/2022/10/img-2219.jpg.420x236_q85_box-0%2C188%2C2000%2C1312_crop_detail.jpg

Brève

Fête régionale

Le texte de l'allocution

Illustration - Le texte de l'allocution

Chers amis, chers camarades,

Depuis que j’assure l’intervention politique de notre fête annuelle, cela fait maintenant 17 ans, j’ai l’impression de vous répéter comme une rengaine : la société est en crise car le système économique qui la domine est lui-même en crise.

Dans notre société moderne, ce sont les hommes qui possèdent les grandes fortunes capitalistes qui dominent le monde : entreprises industrielles gigantesques, compagnies de transport et de services planétaires, banques et fonds de pension démesurés ! Et il ne s’agit pas là de simples influenceurs sur le web. Ces puissants ont à leur service des grands États qui collectent en leur faveur tous les moyens humains et techniques de leurs pays respectifs. Ce qui leur permet de se maintenir au sommet. C’est le cas pour les Etats-Unis bien sûr, mais c’est aussi le cas pour les petits États européens qui se battent pour consolider leur propre bourgeoisie nationale.

C’est ça le système capitaliste ! Et ce système est en crise – une crise tantôt larvée, tantôt explosive - depuis près de 50 ans maintenant, depuis que les reconstructions de l’après 2ème Guerre mondiale ont été terminées.

Chaque année, je ne cesse de rappeler au risque de passer pour une Cassandre (l’héroïne grecque qui annonçait les catastrophes à venir et qui avait l’infortune de ne jamais être crue), que la crise économique du système capitaliste, qui s’aggrave un peu plus tous les ans, menace de faire exploser la planète tout entière. Et cette fois-ci, plus moyen de le nier. On est en plein dans la crise, comme si le temps s’était tout d’un coup accéléré.

Dans notre mental, cette accélération du temps s’est amorcée avec la pandémie où nous avons tous découvert - concrètement et dans l’angoisse - que nous appartenions à une même humanité d’un bout à l’autre de la planète et que nous y étions rattachés par des millions d’échanges et de liens, canaux que le Covid ne s’est pas privé d’emprunter pour circuler.

Au sortir de la pandémie, il est apparu que le tissu économique qui enserre la planète, tel un filet, avait craqué un peu partout et qu’apparaissait la profondeur mais aussi la fragilité de ces interdépendances. Comme s’il n’existait qu’un seul marché mondial et que les liens commerciaux qui nous liaient cédaient les uns après les autres. Les exemples de ces relations sont permanents et n’apparaissent cruellement qu’en période de pénuries.

Pénuries ! Le mot avait presque disparu de notre vocabulaire. Et il est redevenu à la mode. Pénurie de composants électroniques, pénurie de produits alimentaires, de moutarde et d’huile de tournesol, pénurie d’acier, de boulons et de clous. Bref de tout.

La pénurie des composants électroniques est devenue célèbre car elle a perturbé l’électronique mondiale et contraint un certain nombre de grandes usines à se mettre à l’arrêt – totalement ou partiellement, comme dans l’automobile. Cette pénurie est le résultat d’une stratégie malencontreuse des industriels occidentaux, consommateurs de puces électroniques sophistiquées. Ils ont laissé l’exclusivité de la fabrication de ce produit à la lointaine – c’est-à-dire loin de leur base de production - ile de Taïwan afin de bénéficier, à peu de frais, d’une main-d’œuvre jeune, qualifiée et pas cher payée. Cette pénurie, qui aurait pu être catastrophique (surtout pour les chasseurs F35 et les missiles hypersoniques de l’armée américaine), a convaincu les Etats-Unis d’intervenir d’abord auprès des entreprises taïwanaises, pour les obliger à investir plus près de chez eux et à créer des usines au Japon et dans l’Arizona, ceci avant même d’intervenir auprès d’industriels américains. Mais ceci n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres.

Malgré des Etats nationaux puissants, malgré le verrouillage des frontières, malgré les différences de races, de langues et de religions, malgré toutes ces raisons susceptibles de séparer les hommes les uns des autres, comme s’ils étaient des variétés animales différentes, le système capitaliste s’impose sur toute la planète. Et rien de ce qui est l’homme ne lui échappe. .. surtout s’il peut en tirer profit !

Les Etats-Unis en sont la tête de file. Derrière, l’Europe suit péniblement. Puis viennent en cohortes les pays qui aimeraient bien participer à ce concert des nations, qui en ont la prétention car ils possèdent une importante population et un grand Etat national, mais qui connaissent tout de même un certain sous-développement, marque de leur retard économique, et que les nations occidentales tiennent à distance – pour ne pas être trop nombreux à partager le gâteau. Il en va ainsi de la Russie, bien sûr, de la Chine et de l’Inde.

Dès que la bureaucratie de l’Union soviétique, dans sa volonté de transformer la propriété étatique en propriété privée, a abouti à l’éclatement de l’union soviétique en plusieurs états, au point aussi de ruiner l’économie du pays, poussant une grande partie des classes populaires à la pauvreté, les états unis ont commencé à exercer une pression considérable pour limiter l’influence de la Russie sur la région, en faisant basculer plusieurs états du côté de l’OTAN, leur alliance militaire. La guerre indirecte déclenchée par les Etats-Unis à la tête de l’OTAN a poussé la Russie de Poutine à envahir l’Ukraine, afin de la faire revenir dans sa zone d’influence, et très rapidement, les Etats-Unis se sont engagés toujours plus.

Et aujourd’hui, 8 mois plus tard, c’est devenu un conflit qui dure car il est évident qu’il oppose directement la Russie à la première puissance impérialiste. Ces deux puissances ne se sont pas officiellement déclaré la guerre, d’ailleurs les Etats-Unis prétendent ne pas être en guerre, mais c’est eux qui fournissent les armes aux Ukrainiens, qui leur mettent à disposition les satellites, les drones et les instructeurs les plus qualifiés. Les uns fournissent les armes, les autres la chair à canons. Cette guerre, qui oppose les deux grandes puissances sur le territoire européen, a déclenché une réaction en chaîne. D’une part l’OTAN s’est réanimé et est apparu pour ce qu’il était, un QG de guerre veillant à rassembler les nations membres, celles qui ont signé le pacte d’alliance. Et d’autre part cette guerre fait apparaître les implications des uns et des autres et qu’elles le veuillent ou non, qu’elles changent de camp ou d’alliance, l’ensemble des nations ne pourra y échapper ! Si la guerre s’approfondit, toutes ces nations signataires devront y participer – et pas seulement avec l’envoi d’armes – mais en y envoyant leur propre population. D’où la pression guerrière qui est menée en France, où les médias sont en campagne permanente contre Poutine.

D’autre part, si les Russes mènent leur guerre en coupant le gaz, cela coïncide avec une autre guerre de l’énergie, menée celle-là - plus paisiblement si on peut dire ! - par les grandes compagnies pétrolières. Elles sont 6 super-compagnies (dont Total) qui dominent le marché mondial et qui ont visiblement passé un accord entre elles. Le pétrole est devenu une énergie contestée dans les pays riches car trop polluante. D’où un avenir, plus ou moins lointain, incertain – car qui sait si l’électricité, l’hydrogène ou… l’herbe verte ne le remplaceront pas dans le futur. Alors, pour nos pétroliers prudents, autant prendre ses précautions bien à l’avance en augmentant les prix dès aujourd’hui. Résultat : l’envol des superprofits de Total et de ses comparses, Exxon et autres Shell !

L’augmentation du cout de l’essence, la guerre en Ukraine avec l’arrêt du gaz et de ses exportations traditionnelles, le blé, le tournesol et produits multiples en provenance de Russie ou d’Ukraine, ne font que multiplier les pénuries et renchérir les prix d’un certain nombre de produits de première nécessité. Sans compter les petits malins qui profitent du climat général à la hausse pour augmenter les leurs. Bref, nous sommes devant une augmentation du cout de la vie accélérée. L’inflation, car tel est son nom savant, est là. Nous ne l’avions plus connue depuis des années.

Sans reprendre mon souffle, je viens de faire une énumération catastrophique semblable aux 7 plaies d’Egypte, et probablement ce n’est pas terminé, d’autres plaies risquent de nous tomber dessus, un hiver rigoureux sans chauffage, un rationnement dans les magasins, une augmentation du chômage et bien pire, un embrigadement forcé pour se préparer à la guerre. Un avenir sombre se dessine pour l’humanité tout entière, déjà le siècle dernier a connu 2 guerres mondiales.

Aujourd’hui le contexte de crises, aggravé par le rétrécissement du marché mondial, accroit la concurrence entre les grands groupes capitalistes et leurs états – au point que le 21ème siècle risque d’être lui aussi le théâtre d’autres terribles évènements.

Nous n’en sommes pas encore là, mais pourquoi - dans ce 21ème siècle qui regorge de richesses, de prouesses techniques, de savoir-faire et de compétences intellectuelles et scientifiques – pourquoi faut-il craindre le pire ?

Alors même que le système économique pousse, malgré de multiples freins, à une coopération mondiale, à faire du monde un grand village géré en commun - la propriété individuelle des capitaux, des usines, la dévoie. Propriétaires et seuls maîtres à bord, leurs motivations personnelles sont leurs propres profits, et ce ne sont pas leurs « bonnes œuvres » ou leurs fondations de ci de là qui compenseront les immenses biens sociaux qu’ils s’accaparent !!

La concurrence fait rage au sein de cette classe capitaliste, et chacun défend ses intérêts privés. Parfois ces intérêts privés prennent la taille d’un pays tout entier. Mais fondamentalement, entre elles le combat fait rage.

A l’intérieur du pays, chaque compagnie individuelle joue son jeu propre, et l’état, lui joue son rôle pour défendre l’intérêt général de ses compagnies nationales, il fait en sorte que dans le pays les intérêts de sa bourgeoisie soient défendus en premier lieu. Quand le marché va bien, il y a de la place pour tout le monde. Il peut y avoir des accords entre entreprises, des collaborations, tel produit contre tel autre, jusqu’au moment où le marché se réduit pour tout un tas de raisons, parce qu’il est saturé, parce qu’il n’y a plus assez d’acheteur, parce qu’un produit est épuisé, ou encore parce qu’une ou plusieurs de ces grandes compagnies a spéculé dessus jusqu’à le faire chuter. Là, la concurrence reprend de plus belle, et on sort les couteaux.

C’est cette concurrence entre grands groupes capitalistes qui mène à la guerre. La guerre n’est (d’après Clausewitz) que la continuation de la politique par d’autres moyens. Et cette politique, c’est celle de la défense par chaque état des intérêts de sa bourgeoisie nationale. Notre monde est dirigé par une énorme pieuvre. C’est pour cela que, de la pandémie jusqu’à l’inflation, il y a des liens étroits qui rendent ces phénomènes planétaires. Et cette pieuvre se dirige à l’aveugle dans un chaos grandissant. Mais la chose qu’elle sait faire avec certitude, pour sauver ses intérêts, c’est pressurer la population. Qu’on le veuille ou non, la crise du système avec tous ses fléaux, l’inflation, les guerres, les famines, ce sont essentiellement les classes populaires qui vont la payer. C’est inéluctable.

Ou les masses en prennent conscience à un moment ou un autre, ou elles le paieront de leur vie. Comme l’ont payé de la leur les 50 millions de morts de la deuxième guerre mondiale, plus encore si l’on compte les victimes civiles des bombes, de la famine et des privations. C’est l’avenir qui nous attend.

 

Il est difficile de dire à quel rythme cette crise ouverte et qui s’approfondit sous nos yeux va nous entraîner dans un conflit mondial.

Il est difficile de prévoir le rythme auquel les choses vont se dérouler, déjà parce que dans nos pays riches elles ne vont pas au même rythme que dans les pays pauvres. La crise économique qui s’amplifie s’abat déjà sur les pays les plus pauvres, où elle a déclenché des mouvements de protestation : l’augmentation des prix de l’essence et des produits de première nécessité a provoqué des émeutes au Kazakhstan, au Soudan, en Algérie le Hirak, cet été le Sri Lanka a été au bord de l’insurrection, Haïti est secouée par une vague de mobilisations populaires et l’Iran manifeste depuis plus d’un mois malgré la répression.

L’avenir est inquiétant, sans doute, mais il l’est déjà moins quand on sait d’où vient la menace et qui est l’ennemi. Ce ne sont pas les opprimés qui font défaut. Si dans un premier temps la violence des possédants les brise et les soumet, en étouffant leur révolte, il vient un temps où la colère est telle que même la vie ne compte plus. Et malgré la répression sanglante, la colère perdure.

Des soulèvements, il y en a toujours eu et il y en aura à nouveau, car l’acharnement de la bourgeoisie à faire payer leur crise aux masses les y contraindront. Aussi, accuser les masses de manquer de conscience et d’être passives est une sorte d’excuse souvent pratiquée par les responsables politiques et syndicaux pour justifier leur inaction. La maturation de la révolte se fait presqu’en silence, jusqu’au jour où un incident fortuit la fait exploser.

Cela ne signifie pas qu’il suffit d’attendre que la réaction éclate spontanément, loin de là. Cela signifie tout au plus qu’il faut cesser de se lamenter sur ces combats qui ne viennent pas, car on sait qu’ils viendront à un moment ou à un autre. Mais surtout, cela signifie qu’il faut se préparer à les mener, pour que ces combats ne soient pas dévoyés par les dizaines de forces en apparence amies mais qui essaieront de les mener contre les intérêts mêmes des plus pauvres et pour préserver la propriété capitaliste. En général, il ne manque pas de candidats ni d’organisations pour récupérer les révoltes et leur donner une direction, il y a souvent une palette de partis et d’opposants qui, surtout dans les pays pauvres avec un régime autoritaire, passent parfois même directement de la prison au gouvernement. Au-delà des réseaux de notables et de politiciens professionnels, il y a toutes les organisations qui existent et encadrent déjà la société, l’armée et même parfois les organisations religieuses.

Cela signifie qu’il faudra avoir comme objectif principal celui d’enlever le pouvoir à la classe capitaliste. Car c’est tout le système fondé sur la sacro-sainte propriété privée des moyens de production qu’il faudra changer. Une fois de plus, ce système est en crise. Et cette fois-ci, parce qu’il est trop concentré, parce qu’il est trop mondialisé, mais cela signifie aussi que la société est mure pour gérer la production mondiale non pas en fonction des intérêts privés de cette poignée de capitalistes, mais en fonction des intérêts de tous.

Quelle que soit le peu de conscience qu’en ont les travailleurs autour de nous à l’heure actuelle, les idées du communisme révolutionnaire restent la seule voie à emprunter qui pourra nous mener à une société débarrassée du capitalisme, de ses crises et de ses fléaux, une société sans guerre et sans exploitation. C’est ce problème, celui de la conscience politique qu’auront les nôtres lorsqu’ils seront contraints d’aller à l’affrontement face à la bourgeoisie, qui sera crucial. Le problème est entièrement, exclusivement celui de la conscience politique, de la conscience de classe.

C’est pour cela que, aussi minoritaires et à contre-courant que nous soyons, notre rôle n’en est pas moins déterminant. Ce drapeau, nous devons le maintenir bien haut, clair et visible. Car au moment où une classe ouvrière acculée au combat cherchera une direction à ses luttes, elle devra pouvoir se frayer un chemin jusqu’à cette conscience-là. Dans ces moments de mobilisation intense, les consciences évoluent beaucoup plus rapidement. Et c’est là que nos idées prendront tout leur sens : car au travers de ce combat, les travailleurs ne pourront changer durablement leur sort et celui des autres classes opprimées que s’ils se donnent pour but de renverser le pouvoir politique et économique de la bourgeoisie pour le remplacer par une société collectivement gérée par et pour les travailleurs eux-mêmes.

Cette perspective, dans le passé la classe ouvrière a su en faire un objectif de combat, et se doter d’organisations mondiales dont c’était le but affiché, concret et immédiat. En Russie il y a un siècle, elle est même allée jusqu’à renverser sa propre bourgeoisie, espérant entraîner à sa suite l’ensemble des travailleurs des autres pays pour mettre fin à la société capitaliste. Resté isolé face à la bourgeoisie mondiale, l’élan de la révolution russe a fini par sombrer, laissant les rênes du pouvoir à une bureaucratie qui remit ses intérêts aux mains d’un dictateur comme Staline, dont Poutine s’inspire aujourd’hui.

Après cet essaie de la prise du pouvoir par les travailleurs, et la dégénérescence qui s’ensuivit, un siècle plus tard le problème se pose à nouveau. La société capitaliste, qui brille de tous ses feux, et de tous ses excès, est au bout du rouleau. Il faudra la remplacer si l’humanité ne veut pas périr avec elle.

Le combat essentiel demeure depuis plus d’un siècle celui entre la bourgeoisie, la seule classe sociale qui profite du système capitaliste, et la classe ouvrière, cette classe sociale qui produit tout et qui n’a en contrepartie qu’exploitation et oppression. La tâche fondamentale de notre génération et de celle qui nous suit c’est de pousser cette guerre jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à renverser le pouvoir politique et économique de cette bourgeoisie qui mène l’humanité vers des catastrophes de plus en plus grandes.

C’est ce drapeau que nous continuons à lever, le même que celui des générations de travailleurs et de pauvres qui nous ont précédés, avec pour objectif une société où n’existent plus les inégalités criantes d’aujourd’hui, l’exploitation, l’oppression, c’est-à-dire tout ce qui découle de la propriété privée des moyens de production.

Et pour paraphraser un de ceux qui nous ont précédé dans cette conviction communiste : c’est alors, et seulement alors, sur la base de la propriété collective, que l’humanité pourra sortir de la barbarie – et œuvrer, là aussi pour reprendre une formule qui n’est qu’une formule mais qui résume notre perspective pour l’avenir de la société, « à chacun selon ses besoins, et chacun selon ses possibilités ».

Alors camarades, d’ici là, bon courage pour toutes les activités que vous pourrez mener dans cette direction !

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