Brève

Moïse, note encore

XI. Tu n’abandonneras point ton poste !

Moïse, note encore : XI. Tu n’abandonneras point ton poste !

Le 22 décembre 2022, une nouvelle loi a été votée : un salarié qui quitte son poste de travail sans autorisation ne sera plus considéré comme en faute grave, mais comme démissionnaire. Son patron pourra le mettre à la porte sur le champ et il ne touchera pas d’indemnités de chômage.

L’abandon de poste, on le sait, ce n’est pas bien. Mais maintenant, c’est encore plus pas bien qu’avant. C’est le genre de réforme qui fait douter de la laïcité de l’État, car on voit mal comment elle serait écrite sans l’aide d’un curé ! Ce n’est plus ton patron qui te vire : on prend acte de ton péché, et tu es sanctionné d’une démission forcée. Sanction qui s’applique à tes cotisations chômage passées, car Dieu n'octroie pas des cotisations à un hérétique.

Alors ensuite, qu’est-ce qu’on aura ? Le retard, 5 coups de fouets, la pièce ratée, 10 coups de fouets, répondre au chef, 30 coups de fouets ? L’excommunication des grévistes ? Celui qui fait la perruque aura la main coupée au sabre rituel ? Peut-être dans un souci d’équité, les capitalistes organiseront-ils un grand synode des prêtres de toutes confessions, où les imams disputeront aux rabbins la juste sentence pour une pause sauvage, en fonction bien sûr de la durée et des boissons consommées ? Vraisemblablement, il faudra entretenir à demeure un saint homme de chaque religion dans chaque usine, pour trancher les cas litigieux en adéquation avec la couleur de peau du fautif.

On croirait qu’ils veulent nous apprendre la morale. Messieurs les capitalistes, non merci : nous ne sommes plus des enfants.

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