Deux morts le 11 juin 1968 à Sochaux12/06/20182018Presse/medias/articlepresse/images/2018/06/11.0.3276754622.jpg.420x236_q85_box-0%2C21%2C400%2C246_crop_detail.jpg

Article de presse

Deux morts le 11 juin 1968 à Sochaux

Illustration - Deux morts le 11 juin 1968 à Sochaux

Acteurs et témoins des événements dramatiques du 11 juin 1968 à Sochaux. C'était il y a 50 ans. ( Photo Francis REINOSO )

Les obsèques de Pierre Beylot et d'Henri Blanchet, mortellement blessés lors des affrontements du 11 juin 1968 à Sochaux, furent « de première classe ». Georges Kvartskhava évoque ces heures sombres et dramatiques.

Cinquante ans après les événements de mai-juin 1968, des militants ouvriers, parmi lesquels Georges Kvartskhava, Noël Hennequin, Gilbert et Monique Marion, témoignent dans un livre paru ces jours derniers de ce qu'ils ont vécu à l'époque aux portes et dans les usines de Peugeot Sochaux.

« Ce que nous n'avions pas envisagé », rappelle Georges Kvartskhava, « c'est la rapidité avec laquelle les CRS et gardes mobiles allaient prendre position dans la nuit du 10 au 11 juin. C'est alors que commença une guérilla qui n'était pas préméditée. C'est par instinct de classe que nous nous sommes battus. Ce n'était pas un choix. »

Le bilan des affrontements est particulièrement lourd. « Deux ouvriers ont perdu une jambe. Il y eut deux morts : Pierre Belot, 24 ans, tué par balle au cours d'un face-à-face, et Henri Blanchet, 49 ans, mort après avoir, lors d'une charge, basculé d'un mur et s'être fracassé le crâne ».

Ces voix d'ouvrier(e)s se croisent, s'entrecroisent avec celles d'Arlette Laguiller, employée au Crédit Lyonnais, Paul Palacio, qui travaille à Renault Billancourt, Danielle Riché, aide chimiste à Rhône-Poulenc, Antonio Vasconcellos, électricien sur le chantier de Jussieu à Paris, Anne Laflorentie, travailleuse dans une scierie du Tarn-et-Garonne.

Des témoignages réunis dans un ouvrage qui vient d'être édité par Lutte ouvrière, mouvement politique se réclamant du trotskisme. À l'époque, il est encore question de « Voix ouvrière » qui, plus tard, donnera naissance à Lutte ouvrière.

Ce livre témoignage restitue en un peu plus de 500 pages une chronologie des faits, une analyse des événements accompagnée de plusieurs dizaines d'illustrations photographiques et d'affiches de mai juin 1968.

L'intérêt de l'ouvrage est double. Il donne la parole à celles et ceux qui ont été dans le monde du travail d'alors les acteurs des événements de mai-juin 1968. Il livre une lecture de ces événements, qui n'est pas celle du PCF et des organisations syndicales de l'époque. Les événements d'alors ont contribué, comme le souligne le livre, à « forger les convictions communistes et révolutionnaires » dans bon nombre d'usines du pays.

« Cinquante ans plus tard, toutes et tous ont gardé intactes ces convictions », ainsi qu'ont pu le constater les personnes venues assister vendredi dernier à la présentation du livre lors d'une réunion organisée à l'ancienne mairie d'Audincourt. Cette fidélité différencie ces hommes et ces femmes de bon nombre d'autres acteurs et leaders de mai-juin 1968.

J.B.

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