« La contestation doit entrer dans l'entreprise » 17/03/20192019Presse/medias/articlepresse/images/2019/03/11.1.1134744548.jpg.420x236_q85_box-0%2C21%2C400%2C246_crop_detail.jpg

Article de presse

L'Est Républicain

« La contestation doit entrer dans l'entreprise »

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« Injustifiable », c'est ainsi que le n° 2 de la liste Lutte Ouvrière aux Européennes qualifie le transfert des activités de PSA Hérimoncourt à Vesoul. ( /Bruno GRANDJEAN )

« Injustifiable », c'est ainsi que le n° 2 de la liste Lutte Ouvrière aux Européennes qualifie le transfert des activités de PSA Hérimoncourt à Vesoul. ( /Bruno GRANDJEAN )

Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central CGT PSA est deuxième sur la liste de Lutte Ouvrière aux élections européennes du 26 mai. Vendredi soir, il a assisté à une réunion publique du parti à l'hôtel de ville de Vesoul.

Rencontre. Quels sujets défendez-vous lors de ces élections européennes ?

Réussir à faire entendre le camp des travailleurs, qui ont des intérêts vitaux à défendre face au grand capital. Pouvoir d'achat, organisation de la société... Nous sommes en pleine crise économique et l'ensemble des richesses est accaparé par une minorité. Quels sont les leviers pour agir au niveau européen ? La mobilisation collective. Les gilets jaunes sont l'exemple vivant que les travailleurs, retraités, chômeurs, peuvent défendre leurs intérêts nationaux, européens face au grand patronat. Ils ont fait reculer Macron en décembre. Ils nous confortent dans notre idée principale que c'est par l'action collective qu'on fait bouger les lignes.

Faudrait-il selon vous que le mouvement des gilets jaunes s'étende à toute l'Europe ?

Les gilets jaunes ont atteint une limite. Occuper les ronds-points c'est bien mais ça n'est pas suffisant. Il faudrait que cette contestation entre dans l'entreprise. Imaginez si les salariés de Peugeot se mettaient en grève pour revendiquer la hausse des salaires. Imaginez cela à l'échelle d'un pays : c'est dans ces moments-là que l'on peut changer le cours de l'histoire ! Les travailleurs doivent faire la loi dans les entreprises. Mais attention, on n'oppose pas le mouvement des gilets jaunes avec les grèves des travailleurs, ils sont complémentaires.

Vous parlez de hausse des salaires chez PSA. Carlos Tavares a débloqué une prime de 3 810 € bruts pour ses salariés français...

C'est un effet d'annonce. Les 3 800 € de prime annoncés comprennent la prime gilets jaunes Macron de 600 €. La prime d'intéressement est donc réellement de 3 200 euros bruts imposables, ce qui revient à 2 900 euros nets. Pour la toucher il faut avoir été présent à 100 %. Ne pas avoir été malade. Ce que les salariés demandent, c'est augmenter le salaire de base. Une augmentation de 30 € nets par mois, ça ne fait même pas une baguette de pain tradition par jour ! Et cette prime est à mettre en relation avec les 3,3 milliards de bénéfices de l'entreprise, un record, dont 780 millions ont été distribués aux actionnaires.

Quelle est votre position sur le transfert des activités du site de PSA Hérimoncourt à Vesoul ?

Nous sommes vent debout. C'est injustifiable. Le site d'Hérimoncourt est rentable, rapporte beaucoup d'argent. Ce transfert se fait par pure rentabilité économique : car les salaires sont moins chers à PSA Vesoul. Quand la direction y a imposé un accord qui cassait les 35 heures, 37,45 heures hebdomadaires payées 36, elle préparait le terrain. Par ailleurs, 200 emplois sont menacés. La direction promet que tous les emplois seront maintenus... Elle dit ça la main sur le cœur mais elle pratique le mensonge. Et des salariés devraient bouleverser leur vie, faire 160 km aller-retour pour travailler et être payés moins ? C'est inadmissible.

Vous parlez beaucoup de travail mais quelle est votre position sur l'écologie, à l'heure où des milliers de jeunes se mobilisent dans le monde pour la planète ?

Ils ont raison de se mobiliser. La société envoie la planète dans le mur. Tant que le moteur de la société sera la course au profit, il n'y aura pas de solution. Il faut que les travailleurs prennent le contrôle de l'industrie pour réorganiser l'économie, le travail, de manière rationnelle non polluante. Marx disait : "Le capitalisme épuise deux sources de richesse : la planète et l'homme". Et ça, c'était il y a plus de 100 ans.

Propos recueillis par Eléonore TOURNIER

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