Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) dénonce une « petite comédie électorale » : LE FN sert la droite et le PS09/11/20152015Presse/medias/articlepresse/images/2015/11/nathalie-arthaud-et-claire-rocher-chaque-point-gagne-c-est-des-milliers-de-voix-photo-j-p-tx-1447016816.jpg.420x236_q85_box-0%2C24%2C340%2C216_crop_detail.jpg

Article de presse

L'Est Républicain

Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) dénonce une « petite comédie électorale » : LE FN sert la droite et le PS

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Nathalie Arthaud et Claire Rocher : « Chaque point gagné, c’est des milliers de voix ».

Nathalie Arthaud et Claire Rocher : « Chaque point gagné, c’est des milliers de voix ». Photo J.-P. Tx Longvic (Côte-d’Or).

Elle considérait de longue date que le Parti socialiste avait « déserté le camp des travailleurs ». Nathalie Arthaud n’en revient cependant pas. « La semaine dernière, l’allocation pour adultes handicapés était menacée, la précédente, c’était l’imbroglio sur l’impôt foncier des veuves, depuis, c’est le renoncement au vote des étrangers », énumère-t-elle.

La porte-parole de Lutte Ouvrière aurait pu ajouter à sa liste la confirmation du chantier de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes qui va creuser encore le fossé avec EELV, pourtant allié potentiel du Parti socialiste.

« Petites ignominies »

Comme certains, elle veut bien y voir le « signe » que le PS a tiré un trait sur des élections régionales perdues pour lui. Au point de mettre en œuvre « tout ce qui fâche » maintenant plutôt que pendant la séquence des présidentielles. Mais elle en retient surtout que le gouvernement ne maîtrise plus « une machine administrative qui tourne sur sa lancée… » Celle qui a succédé en 2008 à Arlette Laguiller est satisfaite que ces « scandales » aient « ému » l’opinion, jusqu’à « faire reculer le gouvernement en catastrophe, pour sauver les meubles ». Elle refuse toutefois d’être dupe. « Je pense qu’il y a d’autres petites ignominies dans les tiroirs », confie-t-elle.

À Longvic, ce dimanche, Nathalie Arthaud est revenue soutenir la liste LO de Claire Rocher en Bourgogne Franche-Comté. Sa chef de file dans le Jura, Dominique Revoy, enseignante, est à leurs côtés. On pourrait penser que ces « cafouillages » au sommet de l’État font l’affaire de Lutte ouvrière. Il n’en est rien, semble-t-il. Au contraire. « Le problème, c’est qu’en reniant ses promesses, en décevant son propre électorat, le Parti socialiste et Hollande ne font pas que se tirer une balle dans le pied : ils déconsidèrent toutes les idées et luttes que le mouvement ouvrier et la gauche pouvaient porter pour changer la société », se désole Nathalie Arthaud.

Sa crainte, c’est que le « dégoût » des gens ainsi « trahis » ne les pousse davantage dans les bras d’un FN que Manuel Valls, dans le même temps, désigne comme l’ennemi majeur. Que pense d’ailleurs Nathalie Arthaud du paradoxe ? « Un paradoxe et au pire une arnaque ! », bondit Claire Rocher. Pour la porte-parole de LO, c’est juste « l’illustration » que « l’instrumentalisation » du FN se poursuit. « C’est une petite comédie, un jeu électoral qui s’installe », répond-elle. « La droite a fait ses comptes, elle aura du mal à réaliser son grand chelem. Le PS sait qu’il sauvera peu de régions. Le FN, en semant le trouble, les sert politiquement ».

«Vote de classe et de dignité »

Alors, pour Lutte ouvrière, le combat continue, comme toujours. « L’électorat populaire, celui qui a une conscience, se sent pris en otage, il sait que le Parti socialiste est au service du patronat et qu’il ne fera rien pour les travailleurs mais il pense que, si le PS peut barrer la route au FN et aux idées racistes, il faut voter… », note Nathalie Arthaud. « C’est le calcul de Valls qui en a fait son ultime argument ».

À LO, on prône néanmoins un « vote de classe et de dignité ». Bien sûr, « le score sera petit », reconnaît Claire Rocher. « On n’est pas sur un petit nuage », sourit la porte-parole. « Mais chaque petit point, c’est des milliers de personnes et plus il y en aura, plus la bourgeoisie saura que les travailleurs sont prêts à se battre pour leur emploi, leur santé, leur retraite… »

Jean-Pierre TENOUX

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