Colmar : La voix du « camp des travailleurs » 03/03/20202020Presse/medias/articlepresse/images/2020/03/1.0.2440525542.jpg.420x236_q85_box-0%2C21%2C400%2C246_crop_detail.jpg

Article de presse

L'Alsace

Colmar : La voix du « camp des travailleurs »

Illustration - Colmar : La voix du « camp des travailleurs »

Huseyin Karaduman, tête de la liste Lutte Ouvrière : « Ce n'est pas possible de changer la société à l'échelle d'une commune. » Photo L'Alsace /Vanessa MEYER

« Tant que dure la lutte des classes, il y a de l'espoir. Si on est là, c'est qu'on croit toujours à la révolution. » Les listes Lutte ouvrière se suivent à Colmar.

Le discours marxiste reste. Moniteur d'atelier au sein de l'association Espoir, Huseyin Karaduman, 51 ans, « reprend le flambeau » de Gilles Schaffar, qui conduisait la liste du mouvement trotskiste en 2014.

Il faisait déjà partie des colistiers. L'objectif est toujours de « faire entendre le camp des travailleurs ».

La liste se veut à son image, composée de salariés, de fonctionnaires, d'étudiants, de chômeurs et de retraités. «n est des communistes révolutionnaires, pas des politiciens, des notables. On vit la même vie que tous les exploités. On sait ce que ça veut dire, galérer et se serrer la ceintu Ore », commente la tête de liste. Huseyin Karaduman est issu d'une famille originaire d'Anatolie.

Il a « toujours entendu parler de la gauche et des mouvements révolutionnaires » par son père, qui a quitté la Turquie dans les années 1970, au moment des premiers coups d'État de la « junte fasciste ».

C'est au contact de militants turcs de gauche, réfugiés en France dans les années 80, qu'il s'est « politisé ».

« Les idées révolutionnaires me parlaient beaucoup », raconte celui qui a « rencontré » Lutte ouvrière en 1989.

De la lutte sociale aux élections Longtemps intérimaire, serveur, ouvrier du bâtiment, Huseyin Karaduman travaille chez Espoir depuis 1996, au contact « des personnes les plus diminuées, les plus rejetées de la société ». « Cela correspond à mes valeurs.

» À l'espace de vente extérieur de la rue Ampère, où il gère les arrivées d'objets, il dit constater tous les jours « l'augmentation de la pauvreté » : « La clientèle augmente. Les gens marchandent pour un euro aujourd'hui. »

Sur le terrain, dans les quartiers populaires, où il milite « toute l'année, pas seulement aux élections », il entend aussi « la colère qui s'exprime très fort contre cette société d'exploitation ».

« Il ne peut pas y avoir d'oasis locale »

Pas question, pour les candidats du mouvement trotskiste, de dérouler un programme véritablement local. Huseyin Karaduman assume de ne pas parler « du centre-ville et du tourisme » comme les autres candidats : « Dans une société d'exploitation, il ne peut pas y avoir d'oasis locale. On ne dit pas "votez pour nous et tout va changer". Ce n'est pas possible de changer la société à l'échelle d'une commune. »

Pourquoi voter pour Lutte ouvrière alors ? « Si nous avons des élus, nous appuierons toutes les luttes contre les patrons et l'État bourgeois », entonne Huseyin Karaduman.

L'objectif serait de « créer une démocratie ouvrière », en faisant « participer à toutes les décisions les travailleurs français et étrangers, les chômeurs, les associations et les syndicats ». Les militants trotskistes promettent aussi de prendre des décisions « favorables aux intérêts des classes populaires » : gratuité totale des transports, embauches dans les services publics, notamment la santé et l'éducation, développement de l'accès à la culture dans les quartiers populaires. Pour promouvoir ces idées, ils feront campagne « sur les marchés, devant les usines », ou en porte à porte.

Reste à savoir comment la liste se positionne par rapport aux autres listes, notamment la seule étiquetée à gauche, celle de l'écologiste Frédéric Hilbert : « L'écologie, c'est important, mais le problème, c'est le capitalisme qui détruit la planète. Ce n'est pas en faisant de petites réformes ou en culpabilisant les personnes qu'on va le régler. Il faut prendre le problème à la racine. On est la seule liste qui remet vraiment en cause le système capitaliste, qui veut aller vers une société collective : ni exploitation, ni surconsommation ! »

Clément TONNOT

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