Article de presse

Midi Libre

Éclaireuse du Grand soir

Midi Libre : Éclaireuse du Grand soir
Éclaireuse du Grand soir

ELYSEE 2017

 

Lutte ouvrière. Nathalie Arthaud, porte-parole du parti trotskiste, mène sa deuxième campagne présidentielle.

Sur l’air des licenciements interdits, du smic à 1 800 € ou de l’accueil inconditionnel des migrants, Nathalie Arthaud mène pour le parti trotskiste Lutte ouvrière sa deuxième campagne présidentielle(0,56 % en 2012). Remontée contre les fortunes qui s’enrichissent, les groupes qui engraissent, la finance qui spécule. Le verbe sec, le visage tendu, sans chichis, pour prêcher le Grand soir et l’avènement d’une société communiste. "Nathalie a de la volonté, de la détermination, de la conscience de classe", dit d’elle Claude, militant LO d’Occitanie.

Bref, à peu près le minimum syndical qu’attend ce parti d’extrême gauche de ses8 000 militants revendiqués. P e t i t e s mains qui diffusent à l’ordinaire les publications et les tracts ; ferments des luttes sociales qui se comptent dans les rangs de la CGT surtout. “La fonction de porte parole ne place pas au-dessus des autres, dit Nathalie Arthaud. On ne fait pas carrière à LO, il n’y a pas de galons.”

 

“De plus en plus de gens veulent rejeter les injustices”

Née en 1970, dans la Drôme, elle a 16 ans quand les images de la famine en Éthiopie la choquent profondément. "Je me suis engagée pour changer les choses, raconte-t-elle. Au lycée, j’ai rencontré des communistes, j’ai appris l’histoire des mouvements ouvriers. Ma famille n’était pas politisée."  Ses parents étaient garagistes à Lyon. Un milieu catholique, assez conservateur. "Ma mère avait plutôt le coeur à gauche ,nuance-t-elle, elle était sensible aux inégalités… Je lui suis redevable." Fin de la séquence intime. Ce n’est pas le genre de la maison LO. Le parti se conjugue au pluriel. Il fait des luttes collectives, des grandes contestations de rue, du type 1968 ou1995, son credo pour renverser, un jour, le système. Nathalie Arthaud a succédé à Arlette Laguiller, c’était aussi dans l’ordre féministe du parti. "Un pays dont la moitié de la population est opprimée n’estpas un pays libre, voilà pourquoi à LO, on met en avant nos camarades femmes" ,explique Claude, le militant occitanien.

 

Prof d’économie et de gestion, Nathalie Arthaud enseigne en Seine-Saint-Denis, ce 9-3 emblématique des fractures sociales, où elle se sent en prise avec le terrain. Elle est la seule des onze candidats à travailler pendant la campagne ; elle a quand même profité de ces deux dernières semaines de vacances scolaires pour doubler la dose contre Le Pen, Fillon, Macron mais aussi Mélenchon, dont elle observe cependant avec intérêt la dynamique : "De plus en plus de gens veulent rejeter les injustices", perçoit-elle. Cent ans après la Révolution russe de 1917, dont elle chérit les valeurs originelles, l’idéal d’Octobre reste vivace « face àl’échec flagrant du capitalisme». Face à la grande bourgeoisie, dont  "les affaires sont révélatrices du comportement". "Le second tour ne nous protégera de rien… On va encore être trompés par ces politiciens", souffle-t-elle.

RICHARD BOUDES

rboudes@midilibre.com■

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