Article de presse

La Dépêche du Midi - Toulouse

Nathalie Arthaud : «Je revendique l'identité travailleurs, travailleuses»

La Dépêche du Midi - Toulouse : Nathalie Arthaud : «Je revendique l'identité travailleurs, travailleuses»
Nathalie Arthaud : «Je revendique l'identité travailleurs, travailleuses»

Porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud souhaite se présenter pour la seconde fois à l'élection présidentielle. Elle sera en meeting le 17 mars à Toulouse. Rencontre.

Pensez-vous les recueillir 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle ?

Nous ne sommes pas inquiets. Par exemple, dans mon département d'origine, la Drôme, je connais pas mal de maires qui ont le sens du pluralisme et ont assez d'indépendance pour ne pas être sensibles à des pressions.

Avez-vous «coupé le cordon ombilical» avec Arlette Laguillier ?

Je ne cherche pas à la couper. On partage le même bureau, on discute beaucoup. Notre campagne est collective, Arlette y a toute sa place. J'ai milité à Lutte ouvrière parce que je partageais cette politique qui lie notre sort à celui des ouvriers. Je revendique l'identité «travailleurs, travailleuses».

Pourquoi les partis ouvriers ne s'unissent-ils pas ?

Même si nous partageons les mêmes idées, nous ne dénonçons pas de la même manière. Nous, nous voulons mettre en avant la conscience d'appartenir à un camp qui a des intérêts opposés à ceux du patronat, nous dénonçons cette politique qui consiste à imposer toujours plus de flexibilité et de compétitivité. Notre identité est celle des exploités. Nous voulons que les travailleurs apparaissent comme une force politique.

Vous aviez recueilli 0,56 % des suffrages en 2012. Vous espérez faire plus cette fois-ci ?

Pour nous l'essentiel n'est pas le score, c'est de faire avancer le combat des travailleurs qui est aussi le combat des idées, alors qu'on voit une idéologie patronale qui imbibe toute la société, avec des valeurs martelées du matin au soir. Il faut qu'on entende la voix des travailleurs.

Que dites-vous aux ouvriers qui veulent voter Le Pen ?

Que s'ils veulent que leurs enfants aient du travail ce n'est pas sur le Front national qu'il faut compter. Elle est une millionnaire qui accuse d'autres pauvres d'être responsables de la misère. Elle est dévouée corps et âme à ce système capitaliste.

Si vous étiez présidente que feriez-vous pour les migrants ?

Je leur offrirais la liberté de circuler et de s'installer. Il n'y aurait jamais eu de camp à Calais si les frontières étaient ouvertes. Les gens sont inquiets mais le chômage de masse ne dépend pas de l'arrivée des migrants, il est créé par ces suppressions d'emplois qu'on subit. C'est le fruit d'une politique patronale. Si j'étais présidente je commencerais par prendre sur ces super profits pour garantir un emploi à tous.

Vous comprenez l'exaspération des policiers ?

Les policiers se prennent toute la violence de la société dans la figure, l'Etat les maltraite et les envoie au casse-pipe. Mais ce ne sont pas des travailleurs comme les autres. Ils sont utlisés comme force de répression. Je ne partage pas leurs revendications. Ce n'est pas en étant plus répressif qu'on fera reculer la délinquance et la criminalité. Les racines sont plus profondes, c'est le résultat d'une société inégalitaire.

Êtes-vous confrontée à la montée du radicalisme dans le lycée où vous enseignez en Seine Saint-Denis ?

Je n'irais pas jusque-là mais c'est vrai qu'il y a des crispations sur la religion. Parmi ces jeunes il y a aussi des révoltés qui cherchent des réponses. Le problème c'est qu'il n'y a plus de militants dans les quartiers pour les entraîner dans des combats collectifs.

Si Karine Le Marchand vous invite à son émission de télé, vous accepterez ?

J'ai la chance d'être inconnue de Karine Le Marchand. J'ai lu dans un article qu'elle ne savait pas qui j'étais. J'ai été soulagée !

Recueilli par Sylvie Roux

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