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Article de presse

Reportage de 20 minutes sur le meeting de Montpellier

Présidentielle 2022 : Pour les militants de Nathalie Arthaud, « l'important, c'est la lutte », pas les urnes

REPORTAGE « 20 Minutes » a rencontré des militants de Lutte ouvrière, avant le meeting de sa candidate, jeudi soir, dans la capitale héraultaise

 

Daniel plante le drapeau de Lutte ouvrière, entre deux tréteaux, devant la salle Pelloutier, à Montpellier (Hérault). Ce retraité de l’hôtellerie est venu d'Arles (Bouches-du-Rhône), jeudi soir, pour aider ses camarades héraultais, dans la préparation du meeting de Nathalie Arthaud (LO). « Je suis une petite main ! », sourit ce sexagénaire, qui s’est engagé, il y a quelques années, dans les troupes de ce mouvement révolutionnaire. « J’ai longtemps voté socialiste, j’en suis revenu, soupire-t-il. Ils nous ont trahis. Les lois les plus antisociales qu’on a eues, c’est avec [François] Mitterrand ou [François] Hollande. Ils ont fait des choses que la droite n’osait pas faire. »

Mais le grand soir, c’est pas pour tout de suite, reconnaît Daniel. « Moi, je ne risque pas de le connaître, j’ai 66 ans ! Quand on voit comment les gens sont passifs aujourd’hui, on ne risque pas la révolution… Mais il faut entretenir ce feu qui couve. » D’ailleurs, ce qui plaît à cet Arlésien, chez Nathalie Arthaud, c’est qu’elle n’a pas l’ambition d’être élue présidente de la République, mais « de faire entendre le camp des travailleurs ».

 

« Des zozos dans l’espace quand il y a des gens qui crèvent la dalle ? »

Dans la salle, habillée aux couleurs de Lutte ouvrière, on attend la candidate d’une minute à l’autre. Guy, ces soirées-là, il les connaît par cœur. Voilà presque 50 ans qu’il milite pour Lutte ouvrière. Il a connu les « bagarres au chantier naval de la Ciotat, puis à la réparation navale à Marseille ». « Cette société est en fin de course, s’indigne ce retraité de la métallurgie. A quoi ça sert d’envoyer des zozos dans l’espace quand il y a des gens qui crèvent la dalle ? La plupart des candidats qui se disent du côté des travailleurs ne visent que 1.400 euros de SMIC. Moi, s’ils veulent, je leur donne 1.400 euros pour vivre, dans la situation actuelle. On verra, s’ils y arrivent ! »

Sa candidate, Nathalie Arthaud, ne veut, elle qu’aucun salaire ne soit en dessous de 2.000 euros. Mais dans les sondages, elle est en dessous de 1 %. « Ce n’est pas dans les urnes que les travailleurs sont forts, balaie Guy. C’est dans les luttes sociales. »

 

« Le PC, ça fait des années et des années qu’il soutient Mitterrand et Hollande »

A l’extérieur de la salle, Juliette et Lucie, 21 et 25 ans, le journal du mouvement sous le bras, discutent avec des passants, intrigués par ces drapeaux rouges qui flottent sur la place Zeus. Si Juliette, étudiante en biologie, est aux côtés de Nathalie Arthaud, c’est parce qu’elle adhère à son positionnement. « Un candidat qui dit "Votez pour moi, je changerai les choses à votre place", je n’y crois pas une seule seconde, confie-t-elle. Ce sera le monde du travail, en révolte, qui réussira à arracher des choses pour lui. Il n’y a que Nathalie Arthaud qui dit ça. » Fabien Roussel (PC) ? Lucie, à ses côtés, ne veut pas en entendre parler. « Le PC, ça fait des années et des années qu’il soutient [François] Mitterrand, [François] Hollande… », peste cette étudiante en lettres.

Philippe Poutou (NPA) a plus de grâce à ses yeux, parce qu’il parle « de choses qui nous concernent ». « Les partis qui n’ont qu’une seule idée en tête, comment gérer au mieux la société pour servir les intérêts des capitalistes, il y en a plein, confie Lucie. Alors, pourquoi ne pourrait-il pas y avoir plein de partis, avec des nuances, mais qui défendent que ce qui compte, c’est le monde du travail et ses luttes ? »

 

Les 500 parrainages ? « Cela n’étonne que ceux qui ne nous connaissent pas »

Dans le public, ce soir, il y a des jeunes, qui voteront, le 10 avril, pour la première fois. C’est le cas de Lucas, 18 ans. Il n’est pas encore sûr de voter pour Nathalie Arthaud, peut-être que ce sera pour un autre candidat d’extrême gauche. Mais de toute façon, assure cet étudiant en économie, les idées communistes qu’il a chevillées au corps, « il y a d’autres façons de les porter qu’avec la présidentielle. L’important, c’est la lutte. »

La candidate de Lutte ouvrière est arrivée, dans la salle Pelloutier. Elle débarque avec une bonne nouvelle : elle a passé la barre des 500 parrainages. Elle en a 529. Etonnant, tandis que d’autres, mieux placés dans les sondages, galèrent. « Cela n’étonne que ceux qui ne nous connaissent pas, sourit Nathalie Arthaud. Et qui pensent que l’on surgit, comme ça, tous les cinq ans, de nulle part. Tels des extraterrestres arrivés du fin fond de l’univers. » Ceux qui offrent leur signature à Lutte ouvrière, ce sont « des maires de petites communes, des employés, des techniciens, des ingénieurs, des ouvriers, des professeurs, des agriculteurs… Des femmes et des hommes du monde du travail, confie-t-elle. Ils sentent que l’on porte un camp légitime à pouvoir s’exprimer. »

Nathalie Arthaud en convient, elle ne gagnera pas. « Je sais très bien que je suis hors course, confie la candidate, dont c’est la troisième campagne présidentielle. Mais ce que je mets en avant, ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Ça touche énormément de femmes et d’hommes. La réussite d’une campagne ne se résume pas, seulement, au nombre de votants. » Il est l’heure de monter au perchoir, pour Nathalie Arthaud. Et de scander le célèbre « Travailleuses, travailleurs ! », indissociable du mouvement.

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