Isabelle Bonnet (Lutte ouvrière) : ”À tous ceux qui se trompent”27/10/20152015Presse/medias/articlepresse/images/2015/10/Capture_I_B_26_10_15_V_M.JPG.420x236_q85_box-0%2C237%2C503%2C519_crop_detail.jpg

Article de presse

Var-matin

Isabelle Bonnet (Lutte ouvrière) : ”À tous ceux qui se trompent”

Illustration - Isabelle Bonnet (Lutte ouvrière) : ”À tous ceux qui se trompent”

Photo Patrick Blanchard

"Le camp des travailleurs, c’est nous!" La tête de liste de Lutte ouvrière prône des solutions radicales à l’échelon du pays et en décline quelques-unes pour la Région "

Le vote peut exprimer des choses, mais il ne peut pas changer les choses. Ce que les travailleurs ont obtenu par le passé, ce n'était pas par la voix des urnes mais par les combats." Le ton est donné. Isabelle Bonnet, tête de liste pour Lutte ouvrière, veut donner aux salariés qui ne se résignent pas l'occasion d'exprimer leur colère… Et leurs idées.

 

Pour Lutte ouvrière, les solutions ne sont pas à trouver à l'échelon local ou régional, mais à celui du pays, au minimum. Pourtant, vous êtes présents à toutes les élections, ou presque.

Nous sommes là pour défendre le camp des travailleurs et les revendications essentielles du monde du travail. Comme nous le faisons à longueur de temps. Notre action est essentiellement militante. Mais les élections, c'est un moment privilégié où nous pouvons défendre nos idées plus largement. En cette période de crise où tout est fait pour nous faire accepter recul social sur recul, nous nous battons afin que ceux qui produisent toutes les richesses aient au minimum une vie décente. Alors oui, il faudrait commencer par l'interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous, sans baisser les salaires et les pensions. Et même les augmenter en les indexant réellement sur le coût de la vie.

 

Pas facile à mettre en œuvre, surtout en période de crise...

Les seuls à qui l'on impose de se serrer la ceinture depuis des années et des années, ce sont les salariés. L'argent ne manque pas à tout le monde ! À titre d'exemple, les entreprises du CAC40 ont vu leurs profits augmenter de 38 % pour le seul premier semestre de 2015. Soit près de 40 milliards d'euros !

 

Vous êtes crédités de 1% des voix dans notre sondage BVA-Var matin*. Pas de quoi vous décourager?

On nous demande souvent pourquoi nous nous présentons, alors que nous avons peu de chances d'obtenir des élus en cette période. Il n'y a pas de raison que, même minoritaire, notre voix ne s'exprime pas! Et que l'on enlève cette possibilité de dire ce qu'ils pensent à tous ces travailleurs qui ne se résignent pas. Et qui sont conscients qu'il faudra mener la lutte sur le terrain social. S'ils n'ont pas cette possibilité de voter LO, ils pourraient faire le choix de s'abstenir ou de voter pour le "moins pire".

 

Ou encore, comme de plus en plus souvent dans les classes populaires, voter pour le Front national?

Nous nous adressons aussi à tous ceux qui se trompent en votant pour le FN en pensant que c'est un vote contestataire, une façon d'exprimer sa colère. Marion Maréchal-Le Pen est une politicienne comme les autres, encore plus odieuse avec son côté xénophobe et raciste. Non, ce n'est pas elle qui peut incarner la colère du monde ouvrier. À l'occasion de l'affaire d'Air France, elle a parlé comme les autres. On voit bien dans quel camp elle se situe, dans celui de tous ceux qui défendent le patronat licencieur.

 

Mais si vous étiez élu, pourriez-vous tout de même agir?

Nous avons eu des élus dans plusieurs Régions. Peu nombreux certes, mais ils étaient la voix et les oreilles des travailleurs. Nos élus nous ont d'ailleurs permis de comprendre pas mal de choses. Comment, par exemple, des entreprises viennent s'installer dans une région, bénéficient de tout un tas d'aides. Et finalement mettent la clef sous la porte. Pour aller s'installer dans une autre région et toucher à nouveau un pactole de subventions. Si nous avons de nouveau des élus, ils seront un point d'appui pour tous ceux qui sont en lutte et dénonceront les petits et grands méfaits de ces assemblées.

 

Avez-vous tout de même un programme régional?

La région Paca est l'une de celles qui présente la plus grande richesse côtoyant la plus grande pauvreté… Et même si l'État se désengage toujours plus, le budget de la Région, 2 milliards, n'est pas négligeable. Mais à quoi sert-il, ce budget? Toute une importante partie part dans des aides aux entreprises privées. Nous, nous arrêterions tout cela. Les entreprises privées n'ont pas à être financées par de l'argent public. Il doit être utilisé pour les services publics utiles à la population, pour améliorer les transports, l'éducation de tous, etc. Des centaines de milliers de jeunes sortent chaque année du système scolaire sans rien. Et on laisse galérer les jeunes au chômage alors qu'on use, au travail, les anciens jusqu'à la corde. Mais là, on touche aux limites de ce que peut faire une Région. En revanche, au lieu de passer des marchés dans le privé, la Région pourrait embaucher directement les corps des métiers du Bâtiment pour entretenir et construire tout ce qui relève de ses compétences.

 

Et les transports?

Les principaux problèmes que vivent les familles des quartiers populaires, ce sont le chômage, les fins de mois impossibles, les logements insalubres. Mais il est exact aussi que notre région est l'une de celles où le nombre de kilomètres de voie ferrée est le plus faible par rapport au nombre d'habitants. Et l'immense majorité des salariés, voire les trois quarts, obligée de prendre sa voiture, se retrouve coincée dans des bouchons interminables. Le patronat doit participer à l'effort en matière de transports publics.

 

Et si vous n'êtes pas au second tour de ces élections?

Nous, notre campagne, nous la faisons au premier tour. Nous n'allons pas parler, durant le peu de temps qui nous est imparti, du second tour… On avisera le moment venu. En tout cas, c'est au premier tour que l'on peut dire ce que l'on pense. Après, c'est toujours le choix entre le "moins pire", entre la peste et le choléra. Il faut certes se battre contre le Front national, contre ses idées, mais comprendre sur quel terreau il se développe. La crise bien sûr, mais aussi la trahison des partis de gauche qui prétendaient incarner une alternative. Depuis trente ans, ils nous expliquent que si on vote bien, on aura des gouvernements vraiment à gauche. Et quand ils se retrouvent aux affaires, ils mènent la même politique que les autres…

Propos recueillis par Mireille Martin

mmartin@varmatin.com

*Sondage réalisé du 6 au 15 octobre auprès d'un échantillon représentatif de 798 personnes inscrites sur les listes électorales en Paca.

Bio express

Isabelle Bonnet est professeur dans un lycée professionnel à Marseille. Déjà candidate aux élections régionales mais aussi aux Européennes, elle tiendra le 27 novembre un meeting à Marseille aux côtés de Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière.

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