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Editorial
Contre tous les politiciens de la bourgeoisie : le camp des travailleurs !
En plus de Mélenchon, de Roussel pour le PCF et de Jadot pour les écologistes, il y a maintenant trois autres candidats à la présidentielle, qui se réclament de la gauche façon PS : Hidalgo, Montebourg et Taubira. Cette dernière vient tout juste de sortir du bois et appelle à l’unité sur le mode « moi devant et tous derrière ».
L’union de la gauche n’est donc pas pour demain, et il n’y a vraiment pas à le regretter ! Rappelons-nous que tous les gouvernements de gauche ont été des serviteurs dévoués de la bourgeoisie et des ennemis ouverts des travailleurs.
Pour parvenir au pouvoir, les politiciens de gauche sont capables de jouer aux anticapitalistes, et le PCF les a souvent aidés dans cette comédie électoraliste. En 1981, Mitterrand avait été élu en faisant campagne sur la « rupture avec le capitalisme », formule reprise aujourd’hui par son disciple Mélenchon. En 2012, Hollande avait tenté de susciter un peu d’enthousiasme en déclarant « Mon ennemi c’est la finance ».
Comment le cinéma a-t-il fini ? Par des gouvernements Mitterrand, Jospin et Hollande qui se sont non seulement transformés en paillassons de la bourgeoisie, mais qui ont attaqué la condition ouvrière : blocage des salaires, licenciements et chômage de masse, démolition du code du travail, recul de la retraite, privatisations, cadeaux au patronat, suppressions de lits dans les hôpitaux…
Au pouvoir, la gauche a aidé le grand capital à prospérer en tapant sur les classes populaires aussi fort que la droite. Alors, si les politiciens d’extrême droite et de droite sont les ennemis ouverts du monde du travail, ceux de gauche le sont autant, l’hypocrisie en plus.
Tant que la situation économique de la bourgeoisie lui permettait d’accorder des miettes au monde du travail, la gauche pouvait entretenir le mythe d’une politique plus favorable aux exploités. Avec la crise, cette illusion a fait long feu.
Mais ces décennies d’illusions électoralistes ont détourné les travailleurs des luttes et de la conscience de classe. Elles les ont démoralisés et déboussolés au point de discréditer l’idéal socialiste ou communiste que ces partis prétendent encore incarner par leur nom. Elles ont conduit nombre de femmes et d’hommes des classes populaires à rejeter toute politique, quand elles n’ont pas fait le lit des démagogues d’extrême-droite.
Il est vain de chercher un sauveur suprême, et il ne s’agit pas d’une question de personne. Il n’y a jamais eu de bon président de la République pour les travailleurs et il n’y en aura jamais, parce que les élections ne changent pas l’ordre social.
Les élections ne changent rien à l’exploitation et au fait que la classe capitaliste domine l’économie et prospère en écrasant les salaires et en aggravant les conditions de travail. Elles ne changent rien au capitalisme, où il n’y en a que pour les profits, les dividendes et les cours boursiers.
Les véritables maîtres de la société sont les Dassault, Peugeot, Bolloré, c’est la bourgeoisie, les familles capitalistes. Les politiciens, de gauche comme de droite, visent à gérer ce système et cela les condamne tous à se transformer en larbins du grand capital et en ennemis des travailleurs.
Pour que nos intérêts de travailleurs soient défendus politiquement, il faut un parti des travailleurs qui se prépare non pas à gérer les affaires de la bourgeoisie, mais à la renverser. Il faut un parti prêt à être du côté des travailleurs et de leurs luttes, quoi qu’il en coûte au patronat. Un parti qui affirme que le sort des travailleurs et de la société n’est pas dans les urnes, mais dépend de la combativité et de la conscience de classe du monde ouvrier.
La situation exige que l’on s’affronte avec la classe capitaliste. Elle exige que l’on force le grand patronat à augmenter les salaires de 300, 400, 500 euros et à les indexer sur l’inflation. Que l’on répartisse le travail entre tous et que les travailleurs contrôlent les comptes patronaux. Aucun gouvernement n’est en mesure de le faire, mais les travailleurs, eux, peuvent l’imposer avec un mouvement puissant, mobilisant des millions de femmes et d’hommes.
C’est alors que l’on pourrait empêcher cette fuite en avant qui conduit au sous-développement, à la destruction de la planète, aux guerres et à la déshumanisation de toute la société.
Alors, les travailleurs n’ont pas à chercher d’homme providentiel, ils ont à reprendre confiance en leurs propres forces. C’est le sens de ma candidature à la présidentielle : affirmer la politique et les perspectives du camp des travailleurs, pour conforter toutes celles et tous ceux qui veulent changer leur sort.
Nathalie Arthaud