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Editorial
Nous unir contre la haine raciste crachée du sommet de l’État

Il y a un mois, le jeune Aboubakar Cissé a été poignardé dans une mosquée du Gard. Samedi 31 mai, dans le Var, un raciste a tiré sur ses voisins tunisien et kurde, tuant Hichem Miraoui, un coiffeur de 46 ans. Et chaque jour, les médias rapportent une nouvelle agression antisémite.
Pour toutes ces agressions connues et médiatisées, combien d’autres insultes racistes, antisémites, islamophobes ? Combien de regards de travers et d’humiliations subies ? Et pour les musulmans, les Arabes ou les Noirs, combien de discriminations pour trouver un travail ou un logement ?
Aujourd'hui, le meurtrier du Var conteste toute motivation raciste. Mais ses posts sur les réseaux sociaux sont autant de vomis racistes, et immédiatement après sa virée meurtrière, il a revendiqué son acte faisant, à la manière des terroristes, allégeance au drapeau français.
Eh bien, voilà où mène la campagne xénophobe, raciste et antimusulmane que la droite et l’extrême droite nous servent depuis des mois ! Même le combat contre l’antisémitisme leur sert à attiser la haine et à diviser les travailleurs. Car présenter comme des antisémites ceux qui s’opposent à la politique d’extermination de Netanyahou est révoltant.
Combattre l’oppression d’Israël sur les Palestiniens ne doit évidemment pas conduire à assimiler tous les Israéliens ou tous les Juifs aux bourreaux de Tel Aviv. Tout comme il est stupide d’assimiler les travailleurs d’ici à Macron, les Algériens au régime de Tebboune ou les Marocains au roi Mohammed VI.
La droite et l’extrême droite sont dans une surenchère xénophobe et sécuritaire permanente. Le moindre fait divers leur sert de prétexte pour présenter les étrangers, les travailleurs issus de l’immigration ou les musulmans comme une menace et un danger.
Cette campagne, qui alimente la peur, le rejet de l’autre et les préjugés racistes, tourne 24 heures sur 24 sur la chaîne de télé Cnews de l’empire médiatique de Bolloré. Mais elle est aussi portée par les sommets de l’État puisque Retailleau, le ministre de l’Intérieur, en est un des chefs d’orchestre.
Et Retailleau n’est pas près de s’arrêter ! Désormais chef du parti LR, donc candidat à la présidentielle, il est en campagne électorale permanente. Quand il ne nous rejoue pas la guerre d’Algérie avec les nostalgiques du temps des colonies, il endosse son armure de chevalier, comme au temps des Croisades, pour défendre ce qu’il appelle les racines chrétiennes de la France contre les musulmans !
Et ce ne sont pas que des mots ! Ce sont des lois, des décrets qui ne cessent de pourrir la vie des travailleurs qui vivent à cheval sur deux pays et, en particulier, tous ceux originaires du Maghreb.
À force de réduire les possibilités de renouvellement de titres de séjour, des dizaines de milliers de travailleurs, qui étaient en règle, se retrouvent sans papiers et perdent leur travail.
Dire et répéter qu’il y a trop d’immigrés et qu’il faudra tôt ou tard les renvoyer chez eux conforte les racistes. Cela pousse les plus violents à passer à l’action, aux insultes, aux coups et au meurtre. La xénophobie ne fait pas que diviser les travailleurs, elle tue.
Dans cette atmosphère chauffée à blanc, la casse et les violences le soir de la victoire du PSG ont encore donné du grain à moudre à la droite et l’extrême droite. Eh oui, il y a une petite fraction de la jeunesse des quartiers populaires qui s’adonne à la délinquance et aux trafics en tout genre !
Ces bandes violentes peuvent d’ailleurs pourrir la vie de toute une cité. Tout cela est un gâchis humain révoltant, mais il est d’abord et avant tout de la responsabilité d’un État qui méprise et piétine les plus pauvres. Il est le fruit d’un système qui n’a à offrir à la jeunesse des classes populaires que l’exploitation, les inégalités, et, en prime, de plus en plus de racisme.
Le piège serait de se recroqueviller chacun dans sa prétendue communauté. Ce serait aller dans le sens voulu par tous ces petits roquets d’extrême droite. Ce serait aller dans le sens de la division des travailleurs et de l’éparpillement de nos forces.
Au contraire, il faut avoir conscience de nos intérêts communs de travailleurs et avoir la volonté de nous unir par-delà nos différences, car le grand patronat et le gouvernement nous unissent dans l’exploitation.
La seule façon de nous en sortir est de savoir nous rassembler derrière nos revendications d’exploités et de faire bloc contre la classe capitaliste, ses larbins politiques et son système qui pourrit toute la société.