Argentine : grève générale contre le président à la tronçonneuse31/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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grève générale contre le président à la tronçonneuse

Le 24 janvier, les syndicats ouvriers argentins, la CGT en tête, appelaient à la grève générale contre les attaques du nouveau gouvernement dirigé par le président Milei, l’homme qui veut tronçonner tout ce qui, venant de l’État, entrave le capital privé.

La grève n’a pas été si générale, mais des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées dans les rues du pays à manifester. La police en a compté 80 000 aux abords du Parlement, à Buenos Aires. C’est bien au-delà des forces habituellement mobilisées par les confédérations syndicales. Car les attaques lancées par la présidence et son gouvernement frappent toutes les classes populaires.

Le choc annoncé contre une société injuste s’avère être un choc contre toute la population. Aussi d’autres organisations, notamment les féministes et des groupes d’extrême gauche, étaient dans la rue. « Non au pillage légalisé », « Le pays n’est pas à vendre », « Manger n’est pas un privilège », scandaient les manifestants.

Un premier décret de nécessité et d’urgence (DNU) est déjà en cours. Les trois cents attaques qu’il contient aboutissent à déréguler l’économie, à privatiser tout ce qui est possible et à faire sauter ce qui peut protéger la population. Il fait l’objet d’une soixantaine de recours juridiques. Et ce qui donne les pleins pouvoirs à Milei passe mal.

Les parlementaires ont par ailleurs entre les mains une loi dite « omnibus » car elle s’en prend à tous les secteurs avec ses six cents articles destinés à accentuer les attaques. Elle doit être votée par le Congrès, députés et sénateurs.

Dans la coulisse parlementaire, les marchandages vont bon train. Le président, qui ne dispose guère d’élus, cherche et trouve des alliés du côté de la droite, qui a des représentants dans son gouvernement, ainsi qu’au Parti radical. Il y aussi des négociations avec les gouverneurs des provinces. Le gouvernement retirerait ainsi 141 articles déplaisant aux notables, mais pas ceux qui ont pour objectif de faire payer aux travailleurs le fort endettement du pays, héritage, en partie, d’un précédent gouvernement de droite. Salaires et pensions de retraite, déjà bien insuffisants, restent dans les revendications.

Il y a aussi, pour faire bonne mesure, dans la loi omnibus un renforcement des dispositifs répressifs contre ceux qui s’opposeraient à la politique de Milei. La ministre de l’Intérieur les a déjà durcis, mais des personnes solidaires des manifestations sans y avoir participé pourraient désormais être poursuivies. Tous en prison, en somme. Ce n’est pas pour rien que Milei admire la dictature militaire de 1976, qui savait faire disparaître les opposants.

Mercredi 31 janvier, les parlementaires se préparent à un marathon de 40 heures pour le vote de cette loi. Mais les opposants aussi. Il y a un nouvel appel à manifester, le jour même, pour faire entendre la colère de tous ceux qui vomissent un gouvernement qui n’a encore que soixante jours d’existence.

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