Inde : campagne électorale et lutte de classe14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Inde

campagne électorale et lutte de classe

Cet article est extrait du mensuel trotskyste Workers’Fight (Grande-Bretagne, UCI).

Le 22 janvier, le Premier ministre indien Narendra Modi a donné le coup d’envoi de la campagne de son parti, le BJP, pour les élections législatives d’avril-mai, en inaugurant le temple de Ram à Ayodhya, dans l’État d’Uttar Pradesh.

Des stars de Bollywood, des juges de la Cour suprême, des hommes d’affaires et des dirigeants politiques ont été emmenés par avion jusqu’au temple, dont la construction a coûté plus de 200 millions d’euros. Des militants de l’extrême droite hindoue ont organisé dans tout le pays des réu­nions et des projections publiques de la cérémonie, brandissant leur slogan « Jai Shri Ram » (« Victoire au Seigneur Ram »). Bien des musulmans et bien des pauvres sont restés chez eux ce jour-là, par crainte de violences de la part de ces militants survoltés.

L’agitation en faveur de la construction du temple de Ram a commencé en 1989-1990 lorsque le BJP a organisé des rassemblements et des manifestations dans tout le nord de l’Inde, affirmant que le dieu mythique Ram était né sur le site de la mosquée de Babri, élevée au 16e siècle. Le 6 décembre 1992, le BJP et d’autres groupes hindous d’extrême droite ont démoli la mosquée. Des mois d’émeutes ont suivi dans toute l’Inde, au cours desquelles plus de 2 000 personnes, pour la plupart musulmanes, ont été tuées.

La cérémonie de Modi visait à détourner l’attention de la pauvreté et de la crise économique. Suite à la suspension des permis de travail de plus de 100 000 Palestiniens par le gouvernement israélien dès le 7 octobre, le gouvernement indien a accepté d’envoyer des travailleurs pour les remplacer. Les gouvernements de l’Haryana et de l’Uttar Pradesh ont publié 10 000 offres d’emploi pour lesquelles le salaire mensuel annoncé était de 1 500 euros, soit plus de cinq fois le revenu par habitant de l’Haryana (275 euros) et sept fois celui de l’Uttar Pradesh (215 euros). Les travailleurs se sont présentés en grand nombre dans les centres de recrutement, déclarant qu’ils préféraient tenter leur chance en Israël plutôt que mourir de faim en Inde.

Tout le monde n’est pas impressionné par la mise en scène de Modi. Les 29 et 30 janvier, plus de 10 000 candidats à un emploi dans les chemins de fer ont manifesté dans la ville de Patna pour protester contre l’absence d’offres d’emploi dans le secteur. Malgré les 260 000 postes de cheminots vacants, le gouvernement a lancé un appel pour seulement… 5 696 postes de conducteurs de train !

La mobilisation de Patna intervient deux ans après une campagne massive de manifestations, d’occupations de voies ferrées et de gares dans les États pauvres de l’Uttar Pradesh et du Bihar, contre la réduction du nombre d’emplois dans les chemins de fer, et quelques mois seulement après de grandes manifestations de cheminots contre les changements apportés à leur régime de retraite. La propagande chauvine et suprémaciste de Modi ne les décourage visiblement pas, et d’autres rassemblements de cheminots sont prévus dans les semaines à venir.

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