Hôpitaux lyonnais : “innover” sans rien changer21/02/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/02/P14-2_Hopital_Louis_Pradel_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C82%2C2362%2C1410_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux lyonnais

“innover” sans rien changer

Les Hospices civils de Lyon ont créé un pôle d’innovation, avec un budget dédié s’élevant à 2,5 millions d’euros. L’objectif affiché est de développer ce qu’ils appellent pompeusement « l’intrapreneuriat ».

Illustration - “innover” sans rien changer

En s’inspirant des politiques d’entreprises comme Michelin ou d’administrations comme la Gendarmerie nationale, les HCL utilisent le personnel hospitalier pour en faire des « intrapreneurs » et créer des start-up dans les hôpitaux. Une formation est même organisée avec l’École supérieure de commerce de Lyon, qui s’appelle maintenant l’EM Lyon Business School. Les HCL viennent de recevoir un prix d’innovation en ressources humaines aux Rencontres RH de la Santé.

Alors qu’il manque du personnel soignant à tous les étages, que les journées de travail sont épuisantes, quelques salariés des HCL sont donc invités à suivre des cours de marketing, d’élaboration de « business plan », de développement et de gestion d’entreprise. Pendant ce temps, la grande majorité des hospitaliers ne sont même pas formés aux gestes d’urgence, d’incendie et d’évacuation des locaux.

Alors pour l’instant, derrière la prétendue ouverture du dispositif aux 24 000 agents des HCL, on ne trouve que de la communication pour tenter de valoriser l’image de l’hôpital, sans grandes conséquences concrètes. Bien sûr, cela ne va rien changer aux fermetures de lits qui privent les patients des soins dont ils ont besoin, ni aux conditions de travail épuisantes pour le personnel.

Tout au plus, l’innovation aux HCL aboutira à créer des petits patrons au sein des hôpitaux, en finançant leur développement, ou à fournir des données à des entreprises privées de l’informatique ou de la technologie. C’est en quelque sorte une déclinaison de la « start-up nation » voulue par Macron. Mais de toutes façons, cela fait longtemps que les directions gèrent les hôpitaux comme des entreprises : comme à l’usine, elles cherchent à « optimiser » les services pour les rendre plus « compétitifs », c’est-à-dire à renvoyer les patients chez eux le plus rapidement possible, tout en faisant travailler les hospitaliers plus vite et plus intensément.

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