La Poste – Nantes : “qui peut vivre un mois sans salaire ?”21/02/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/02/P14-1_Nantes_Bretagne_fevrier_2024_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C123%2C2362%2C1451_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste – Nantes

“qui peut vivre un mois sans salaire ?”

À l’annonce de la sanction d’un mois de mise à pied sans salaire d’un facteur, qui avait estimé au retour de sa tournée qu’il n’avait pas à repartir, ses collègues postiers de Nantes-Bretagne (quartiers du centre-ville) ont immédiatement arrêté le travail.

Illustration - “qui peut vivre un mois sans salaire ?”

En septembre déjà, les facteurs avaient constaté le non-versement des primes liées à la dernière réorganisation, qui supprimait des emplois et allongeait les tournées. Les facteurs avaient débrayé, déclarant ne pas travailler tant que le directeur ne s’expliquerait pas. Trois heures plus tard, ce dernier s’engageait alors par écrit à verser les sommes promises !

Lundi 12 février, tous se disant « aujourd’hui, c’est notre collègue qui est sanctionné d’un mois sans salaire, demain ça peut-être moi », ils se sont mis en grève spontanément.

Pendant toute la semaine, une quarantaine de postiers, facteurs ou travaillant au Carré pro et au traitement des recommandés, ont été grévistes, arborant un autocollant résumant leur sentiment : « Qui peut vivre un mois sans salaire ? »

Réunis en assemblée générale, ils ont voté la grève chaque jour et une liste de revendications. Ils ont choisi, pour les porter, un représentant par équipe, en plus des représentants syndicaux. Devant la direction, ceux-ci ont dénoncé la façon dont ils sont traités, le manque de renforts, les pressions pour traiter toujours plus de courrier, les menaces et la sanction qui touche aujourd’hui leur collègue.

Pour expliquer leur mobilisation, les grévistes ont distribué un tract à la cantine, s’adressant aux collègues du centre financier puis aux usagers. Jeudi 15 février, jour de grève nationale sur les salaires à La Poste, ils sont allés ensemble s’adresser aux postiers du centre de distribution d’Éraudière, et ont ainsi eu un petit renfort de nouveaux grévistes, en plus de ceux qui avaient déjà prévu de faire grève ce jour-là.

La tentative de la direction de briser la grève par des Task Force (postiers embauchés pour remplacer les grévistes) ou des cadres les a bien fait rire : « J’ai vu un Task Force tourner avec son vélo : il ne savait pas par où sortir en ville ! » ; « J’ai entendu tel cadre dire qu’il n’avait jamais autant marché de sa vie », « J’ai vu deux mecs qui travaillaient sur mon casier ce matin, on aurait dit qu’ils étaient perdus au milieu du désert ». Et de conclure en parlant de la direction : « Si eux ne sont pas là, le travail sera fait, mais pas si nous ne sommes pas là. »

Après une semaine de grève, les facteurs n’ont pas obtenu la suppression de la sanction, mais plusieurs choses qui vont améliorer leur quotidien : embauche de deux renforts en CDD, fin de l’alimentation en continu par les chefs au tri général, attribution de vélos aux remplaçants, rappel que les facteurs ont le droit de s’exprimer sur les problèmes lors des briefings quotidiens, prolongement de la durée des renforts et cantine à nouveau accessible aux facteurs. Et certains disaient lundi 19 au soir : « Mardi il y a bien un préavis de grève sur les salaires aussi ? Direct, je fais grève ! ».

Cette semaine de lutte vécue ensemble a soudé les grévistes, les anciens ont retrouvé de l’énergie aux côtés des plus jeunes et de ceux pour qui c’est la première expérience de grève. Tous sont fiers et contents d’avoir ainsi fait face à la direction.

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