Stellantis : les milliards volés aux travailleurs21/02/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/02/P13-1_milliards_voles_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C222%2C2362%2C1550_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Stellantis

les milliards volés aux travailleurs

Le groupe automobile Stellantis (PSA, Fiat, Chrysler) annonce des profits record pour 2023 : 18,6 milliards d’euros. Du jamais vu ! Les actionnaires vont toucher 6,6 milliards de dividendes. Sans avoir vissé ne serait-ce qu’un boulon sur une voiture, ils vont augmenter leur racket de 53 % en un an. En revanche pour les travailleurs, le seul record est celui des attaques patronales.

Illustration - les milliards volés aux travailleurs

Ces profits en hausse de 11 % par rapport à 2022, placent Stellantis sur le podium des entreprises qui profitent le plus, entre TotalEnergies et LVMH. Et 2022 était déjà une année record, car les profits de ce groupe automobile (16,8 milliards) étaient pour la première fois comparables à ceux des pétroliers. Mais 2021 aussi avait été une année exceptionnelle, malgré le Covid et les crises des semiconducteurs.

Ces profits fabuleux ne proviennent ni de découvertes technologiques nouvelles ni d’une explosion des ventes, qui n’ont augmenté que de 6 % en un an. Ils sont faits sur le dos des travailleurs.

En effet la charge de travail ne cesse d’augmenter ces dernières années. Il y a eu 130 000 suppressions d’emplois, alors que le nombre de voitures produites a augmenté. Les cadences se sont accélérées, les journées sont plus dures, plus usantes. À l’usine de Poissy, en région parisienne, des travailleurs de 57, 58 et même 61 ans sont mutés de force sur les chaînes de montage, alors que des jeunes ouvriers de 30 ans n’arrivent déjà pas à tenir les postes sans s’abîmer les tendons ou les articulations. Cette année encore, des travailleurs sont morts de crise cardiaque à l’usine ou chez eux. Chaque minute gagnée à les faire courir, chaque seconde économisée se transforment en or pour ces parasites du travail ouvrier, qui ne mettent pas de limite à l’exploitation, même quand ils se goinfrent.

Éreinter les salariés au travail toute l’année ne suffit pas au patron. Il cherche aussi à leur voler leurs congés. Dans toutes les usines, il a essayé de réduire les vacances d’été à deux semaines. Et à Poissy il veut imposer, en plus, le positionnement de la quatrième semaine quand cela lui convient, pour éviter de recourir au chômage partiel.

Quant aux travailleurs intérimaires, le patron continue à les voler systématiquement, comptant sur leur précarité pour leur faire accepter ses escroqueries. Chaque mois, il y a des erreurs sur les fiches de paye des intérimaires, chaque mois des heures sont oubliées.

Pour augmenter l’exploitation à moindre coût, le patron a aussi réorganisé le temps de travail, pour que les ateliers consommant le plus d’électricité, Ferrage et Peinture, travaillent au maximum au moment où elle coûte moins cher. En effet, EDF paye une subvention au patron pour l’inciter à produire la nuit. Résultat, quand le patron force les travailleurs à fabriquer des voitures de nuit, il reçoit de l’argent d’EDF !

Voilà l’envers du décor, les conditions de l’enrichissement des actionnaires qui ensuite pleurnichent en invoquant le prétendu « coût du travail » quand il s’agit d’augmenter les salaires. Stellantis n’a accordé que 3,6 % cette année, bien en dessous de l’inflation. La prime d’intéressement annoncée de 4 100 euros brut (soit 3 700 net seulement) est inférieure à celle de 2022. Car le patron avait tout prévu : sachant qu’en aggravant l’exploitation il allait accroître les profits, il a fait signer aux syndicats pro-patronaux un accord qui change les règles de l’intéressement en sa faveur, bien entendu. Comme quoi ces primes ne sont qu’arnaque et illusions.

Pour l’instant, les capitalistes de l’automobile, comme les autres, se réjouissent de pouvoir continuer à arracher des milliards aux travailleurs. La grève dans les usines automobiles aux États-Unis a rappelé récemment qu’ils n’étaient pas à l’abri d’une explosion de colère. Ils doivent tout aux travailleurs, jusqu’à leur dernière chemise ! En prendre conscience permettra de se mobiliser pour les faire payer et arracher ce qui nous est dû.

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