Migrants : la politique criminelle de l’Europe28/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2900.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants

la politique criminelle de l’Europe

Médecins sans frontières (MSF) a publié le 23 février un rapport qui dénonce, sur la base de témoignages de ses équipes et des personnes qu’elles ont soignées, la violence extrême et systématique de la politique migratoire européenne.

L’ONG dispose d’équipes en France, en Italie, en Pologne, en Biélorussie, en Grèce, en Serbie, en Libye et au Niger. Ces pays sont des passages obligés pour des milliers de travailleurs migrants qui espèrent trouver une vie digne en Europe. Depuis des années les gouvernements européens y ont non seulement construit des murs, mais également négocié des accords avec des chefs de bandes armées, gouvernementales ou non, afin que celles-ci s’attaquent aux migrants.

Depuis des années, l’UE passe des accords dits de coopération avec la Libye qui permettent de sous-traiter la surveillance des côtes. En réalité ce sont des milices, rebaptisées poliment gardes- côtes, qui interceptent les migrants et qui sont connues pour torturer systématiquement ceux qu’elles attaquent. Entre janvier 2022 et juillet 2023, le nombre de violences corporelles rapportées par les équipes de MSF à Tripoli s’élève à 16 521. Parmi les migrants qui sont parvenus à atteindre l’Italie et ont été soignés par l’ONG à Palerme entre janvier et août 2023, la majorité ont déclaré avoir été torturés en Libye. Le rapport raconte également comment, en janvier 2022 à Tripoli, 600 personnes ont été violemment réprimées puis mises en prison alors qu’elles réclamaient protection devant le bâtiment du haut commissariat aux réfugiés de l’ONU, qui n’a rien fait. Tout le monde s’attriste du sort réservé aux migrants en Libye, sans aller jusqu’à dénoncer les donneurs d’ordres, ceux qui financent ces assassins, sans se salir les mains.

Le rapport donne d’autres exemples : ainsi, à Assamaka, dans la région d’Agadez au Niger, des hommes et des femmes sont refoulés de Tunisie et d’Algérie, puis mis en prison en plein désert, où les conditions sanitaires sont catastrophiques. L’UE finance depuis 2015 la police de ce pays pour mener cette politique. Mais l’ONG dénonce également les agissements des polices européennes, celles de Pologne, de Serbie, de Grèce, notamment les push-back, ces refoulements violents derrière la frontière sans enregistrement. Ils sont aussi pratiqués en France, y compris envers des enfants. Les médecins de MSF ont soigné 311 mineurs à Vintimille, à la frontière italienne, entre février et septembre 2023 : 35 avaient subi ces refoulements.

Les gouvernements européens dépensent des sommes considérables pour empêcher des pauvres de venir en Europe, quitte à être responsables de dizaines de milliers de morts. Les travailleurs doivent considérer les migrants comme leurs frères de classe et ceux qui organisent ces crimes comme leurs ennemis.

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