Mer Rouge : mésaventures d’un cargo06/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2901.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mer Rouge

mésaventures d’un cargo

Le cargo Rubymar a coulé en mer Rouge samedi 2 mars. C’est une conséquence, disent les responsables occidentaux, des tirs de missiles effectués par les Houthis, le 18 février.

Les Houthis, qui luttent pour le pouvoir au Yémen, affrontent l’armée saoudienne aidée par les États-Unis et, de fait, par tous leurs alliés, y compris la France. Leurs milices ont le soutien de l’Iran et se sont logiquement rangées contre le massacre israélien à Gaza. Dans ce cadre, elles menacent depuis des mois les navires ayant un lien quelconque avec Israël et qui passent au large des côtes yéménites, à l’entrée de la mer Rouge, en direction ou en provenance du canal de Suez. Les États-Unis et leurs alliés ont immédiatement répliqué, renforçant leur présence dans ces eaux, escortant certains navires, détruisant en vol les missiles et les drones des Houthis. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont même bombardé à plusieurs reprises ce qu’ils ont désigné comme des bases terroristes houthies. Le nombre de victimes yéménites est à ce jour inconnu.

En fait, le Rubymar est le premier navire sérieusement touché, sans qu’il y ait de victime. Mais les marines occidentales n’ont pas levé un cil pour tenter d’éviter la catastrophe prévisible. Le navire, logiquement abandonné par son équipage, a dérivé malgré ses ancres pendant deux semaines, perdant son carburant, endommageant les câbles sous-marins puis coulant avec ses 22 000 tonnes d’engrais qui vont polluer tout le secteur. Et, pour finir, l’épave se trouve au milieu d’un des passages les plus étroits et les plus fréquentés du monde.

L’armateur n’a trouvé ni remorqueur ni solution et s’est contenté de déclarations aussi désolées que gratuites. Les ports de la région, des deux côtés du détroit, ont refusé d’accueillir le navire en perdition. Et les marines les plus puissantes du monde, capables de raser une ville en une nuit ou de débarquer des milliers d’hommes en trois jours, ont regardé le Rubymar dériver. Elles ont toutefois signalé qu’il fallait passer cinq milles au large du navire dérivant, puis qu’il fallait inscrire un nouveau récif sur les cartes.

Les Houthis ont donc bon dos. L’organisation des transports maritimes est aussi responsable que leurs tirs initiaux. Car, que le vent, la mer, une avarie ou même un missile vienne à endommager un navire, plus personne n’est responsable, plus personne n’a un sou pour empêcher le naufrage. Ni les armateurs, ni même les États ne sont réellement tenus d’intervenir. La mer, les populations riveraines et les générations futures épongeront les dégâts.

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