Centre hospitalier de Nevers : au bord de l’implosion !13/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre hospitalier de Nevers

au bord de l’implosion !

Début mars, le collectif des Urgences de l’hôpital de Nevers a de nouveau pris la parole dans la presse pour dénoncer leur situation.

« Aujourd’hui, les Urgences sont saturées, les patients dorment dans les couloirs sur des brancards. » En 2018, on a compté 33 000 passages aux urgences, 31 000 en 2023 ; mais en 2018, 420 patients avaient passé la nuit aux Urgences contre 4 300 en 2023 !

Il arrive que des patients soient installés dans le sas d’accès des ambulances, dénudés, contentionnés sur des brancards, sans surveillance, exposés aux gaz d’échappement. Sept postes de médecins sur 26 sont occupés. Il peut arriver qu’un seul médecin soit présent pour 36 patients dont trois en « déchoquage ». Ce même médecin est censé répondre aux urgences vitales. Il devait aussi assurer le Smur, mais cette activité a été transférée à l’hôpital de Decize, situé à 30 km.

Par manque de lits (399 lits ouverts sur 602 autorisés), on ne peut orienter les patients dans les différents services. En conséquence, ils restent dans les couloirs en attendant qu’un lit se libère. Les médecins dénoncent le fait que, plus on passe de temps aux urgences, plus la mortalité et la morbidité augmentent. La sécurité sanitaire est ainsi mise à mal. « Au 3 mars, c’est déjà 1 100 personnes qui sont restées la nuit aux Urgences. Nous sommes sur une base de 6 000 personnes à l’année », s’inquiète un médecin.

La direction ose dire qu’il y a là des problèmes d’organisation, de fonctionnement, que l’activité ne serait « pas assez efficace ». L’administration provisoire mise en place il y a presque six mois, après le refus de la certification, avait assuré lors de son installation ne pas chercher « de petites solutions », ni de « sparadrap », ajoutant : « Il faut prendre ce sujet sur le fond, dans la durée, dans la construction. » Mais elle ne s’en est tenue « qu’à la forme » en mettant en place « une mission d’appui » et « une commission d’enquête ».

Le personnel en a assez des constats sans solutions. Les causes des problèmes sont bien connues de tous ceux qui travaillent à l’hô­pital : manque de personnel, manque de lits. Quand la direction dit qu’elle a trouvé une solution et envoie un médecin à l’unité d’hospitalisation de courte durée c’est qu’elle a enlevé un médecin d’un autre service. Et toutes les décisions prises sont du même niveau.

Le maire de Nevers, macroniste de la première heure, a donné une interview à France 3 Bourgogne sur la situation à l’hôpital. Pour lui, les choses sont simples : « Ceux qui n’ont pas envie de travailler, je l’ai dit : qu’ils quittent l’hôpital ! » Quelques jours plus tard, il récidivait dans le journal local en déclarant : « Oui, je le redis. Ceux qui ne se sentent pas bien, qu’ils quittent l’hôpital. » Et d’ajouter : « Si les médecins sont engagés, qu’ils le montrent. Qu’ils travaillent. […] aujourd’hui, les urgentistes font ce qu’ils veulent. » Si les urgences ne fonctionnent pas, c’est la faute du personnel, voilà la réponse pleine de mépris du maire.

Or, c’est justement le personnel qui, en se mobilisant régulièrement, en faisant connaître publiquement ses conditions de travail, fait en sorte que le service des urgences ne ferme pas. Il y a deux ans, les membres du personnel de la maternité s’étaient mis en arrêt maladie tous ensemble pour faire connaître leurs problèmes. C’est ce qui avait fait bouger le ministère et permis de garder la maternité. En revanche, les courriers, mails aux maires, députés, sénateurs, ministres ne reçoivent jamais de réponse.

Alors, oui, il faut se mobiliser, « l’ouvrir » haut et fort et faire savoir publiquement comment sont traités les patients et le personnel.

Partager