CHI Clermont Fitz-James : la psychiatrie hospitalière en cours de destruction13/03/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/03/P14-2_Lors_dune_precedente_greve_au_CHI_C_Courrier_picard.jpg.420x236_q85_box-0%2C7%2C800%2C457_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CHI Clermont Fitz-James

la psychiatrie hospitalière en cours de destruction

Depuis dix ans, l’un des plus grands hôpitaux psychiatriques publics du pays, le CHI de Clermont Fitz-James dans l’Oise, voit ses moyens continuellement réduits par l’ARS, qui relaie la politique des ministres successifs de la Santé.

Illustration - la psychiatrie hospitalière en cours de destruction

Faire des économies sur le dos des malades et des travailleurs hospitaliers étant l’objectif, le nombre de lits d’hospitalisation est passé de 1 541 à 596 au fil des externalisations en maisons d’accueil spécialisées ou de l’envoi de patients en Belgique… La rénovation des bâtiments et la construction de nouveaux locaux sont aussi le prétexte à la réduction du nombre de lits par pavillon, qui deviennent de belles coquilles vides. Mais les besoins en soins psychiatriques n’ont pas diminué, au contraire.

Les centres médico-­psychologiques de l’Oise, qui dépendent du CHI (Centre hospitalier isarien) et dont certains ont été fusionnés, sont débordés, d’autant plus qu’il y a pénurie de psychiatres. Pour avoir un premier rendez-vous, il faut attendre six mois à un an, pendant lesquels la maladie a toutes les chances de s’aggraver. La pédopsychiatrie est particulièrement sinistrée : les jeunes en souffrance sont renvoyés vers des institutions privées, mais surtout vers l’école, qui ne peut pas les soigner, et vers les familles impuissantes devant la maladie d’un enfant. Les soignants les plus investis auprès des patients sont révoltés qu’on leur retire ainsi les moyens d’une psychiatrie où le lien humain joue un grand rôle.

La direction du CHI applique les injonctions de l’ARS d’assurer l’équilibre budgétaire. Les 120 postes vacants permettent d’économiser 4 millions d’euros par an, et tant pis pour les services qui fonctionnent de plus en plus en mode « dégradé », nouveau terme pour éviter d’avouer le sous-­effectif. Les pressions sont constantes pour imposer des changements de planning et des retours sur les repos.

Les employés supportent les pressions à la productivité, surtout dans des structures devenues semi-privées comme la cuisine et la blanchisserie. Cette dernière cherche des « marchés » auprès d’hôpitaux et d’Ehpad de l’Oise qui ferment leur blanchisserie : ces « clients », rapportant de l’argent au budget du CHI, ils sont prioritaires sur la fourniture de linge à ses propres pavillons… Une des deux crèches accessibles aux jeunes parents de l’hôpital a fermé, l’autre ne fonctionne plus le week-end.

Malgré une mobilisation importante en 2018, les hospitaliers ont subi la perte de dix jours de RTT en raison du passage de 8 heures à 7 heures 30 de travail par jour. À présent, prétendant agir face au manque de personnel, la direction veut passer des services à des horaires de 12 heures, faisant miroiter la promesse de jours de repos qu’elle a supprimés auparavant.

Le prochain départ du directeur et l’arrivée d’un nouveau ne doivent donner aucune illusion sur la politique suivie. Mais il n’y a aucune raison que les travailleurs du CHI se résignent à ces reculs et à un fonctionnement ressemblant de plus en plus à celui d’une entreprise capitaliste.

Partager