Renault – Flins : les chaînes s’arrêtent, les travailleurs restent13/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins

les chaînes s’arrêtent, les travailleurs restent

À la fin du mois de mars, la fabrication de voitures neuves s’arrêtera définitivement à l’usine Renault de Flins, où travaillent encore environ 2 100 salariés, dont 300 en intérim.

L’usine ne ferme donc pas en totalité, mais les ateliers du Montage, de la Peinture et une partie de la Tôlerie, soit un tiers de l’usine, sont concernés par l’arrêt des chaînes. Un des aspects les plus choquants est que, en quelques années, un millier de travailleurs intérimaires ont été licenciés au passage.

Petit à petit, les immenses ateliers qui abritaient la fabrication des voitures se sont vidés. Les terrains de l’usine, soit 230 hectares portant 80 hectares de bâtiments, sont mis en vente à la découpe. L’activité va continuer aux Presses, en partie en Tôlerie, au magasin de pièces détachées, ainsi que dans trois bâtiments rénovés pour de nouveaux travaux. En fait, depuis l’annonce de l’arrêt de fabrication il y a trois ans, deux usines cohabitent : l’une va fermer et l’autre continue à tourner, qui devrait être consacrée à « l’économie circulaire ». Celle-ci devrait comprendre la rénovation de voitures ou de moteurs d’occasion, la réparation de véhicules accidentés, etc.

Les patrons tentent de faire croire que ces « nouvelles » activités assureront l’avenir de l’usine et de ses salariés. En fait nul ne sait, et pas plus la direction que les travailleurs, à quel avenir elles sont promises. Elles ont en tout cas servi à couvrir l’arrêt de la fabrication de voitures tout en évitant une opposition frontale des ouvriers.

Cela ne signifie pas que les travailleurs soient restés sans réaction et l’usine en a connu à plusieurs reprises. Dernièrement, il ne s’est pas écoulé un mois sans un débrayage, un rassemblement, à quelques-uns ou à quelques dizaines, pour des reclassements, contre des suppressions de postes, contre un chef, une sanction ou pour demander des comptes sur la paye. L’hiver a donné lieu à plusieurs débrayages dans cette usine où règnent les courants d’air. Qu’une dizaine d’ouvriers arrêtent le travail et on a vu aussitôt les chefs accourir avec des grands manteaux… Le mécontentement s’est aussi manifesté il y a peu lorsqu’un chef a annoncé à un travailleur que la semaine suivante, il devrait aller chercher un poste dans un autre secteur, le sien étant supprimé. Il s’est entendu répondre que c’était également bon pour lui-même ! Le 5 mars, à la prise de poste le matin, des travailleurs du ménage se sont préparés à se défendre contre la suppression de sept postes sur 25. Le même jour, des travailleurs de l’atelier d’échange de moteurs et de boîtes de vitesse, au bâtiment S, protestaient contre la faiblesse des salaires et les 2,5 % d’augmentation, sans rapport avec la perte de pouvoir d’achat.

Depuis quelque temps, après l’annonce des 2,3 milliards de bénéfices de Renault, comparés à la maigre augmentation des salaires ouvriers, le mécontentement persiste. Lors d’une enquête réalisée par les militants de la CGT, et à laquelle ont répondu 700 travailleurs, ils ont estimé la somme manquante chaque mois sur la feuille de paye à 450 euros.

Quelle que soit l’intention des patrons quant au devenir des activités, malgré le découpage de Renault en filiales, les réactions des travailleurs sont fréquentes, quoique ponctuelles et localisées. Beaucoup ont pris l’habitude de se réunir, ne serait-ce que sur les pauses, pour discuter. Le 7 mars, après avoir tenté d’imposer aux travailleurs du bâtiment S le rattrapage en heures supplémentaires obligatoires non payées de deux futures journées chômées, la direction a dû faire machine arrière. Et, le 12 mars, 70 travailleurs encore ont tenu à se rassembler pour montrer combien, dans cette situation où l’incertitude sur l’avenir domine, ils restaient attentifs et mobilisés.

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