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Dans le monde
Congo-Rwanda
offensive américaine pour piller les richesses
Le 4 décembre, sous l’égide de Trump, les présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagamé, ont signé à Washington un accord visant à la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Qualifié de « grand miracle » par Trump, cet accord prévoit le désarmement des milices, notamment celles du M23, soutenu militairement par le Rwanda et qui a pris le contrôle de Goma, en janvier. Le miracle sera plutôt pour les profits des capitalistes américains que pour les peuples de la région. Depuis janvier, les combats entre le M23 et l’armée congolaise ont tué plus de 7 000 civils et déplacé 7 millions de personnes. À Goma, la population survit dans des conditions catastrophiques. Le gouvernement congolais n’a pas autorisé la réouverture des banques et le M23 exerce son pouvoir avec brutalité. Pour la population, le quotidien est à la survie pour avoir de l’argent liquide et se nourrir. Pendant ce temps, les minerais dont regorge la région continuent à être extraits, comme le coltan, indispensable à l’électronique, à l’armement ou aux implants médicaux. Le véritable objectif de cet accord est de sécuriser les approvisionnements en minerais et de permettre leur exportation.
En avril, les pressions américaines avaient imposé le retrait du M23 de Walikale, à 350 kilomètres à l’est de Goma, où se trouve la troisième mine d’étain au monde, exploitée par Alphamin. Ce groupe, aujourd’hui propriété d’un fond émirati, appartenait jusqu’à peu à des capitalistes américains. La plus grande mine de coltan au monde, à Rubaya, contrôlée par le M23, est convoitée par un proche de Trump. Dans le sud de la RDC, une mine de lithium est dans le viseur d’une compagnie américaine soutenue par Bill Gates et Jeff Bezos.
Dans l’est du Congo, l’État s’est effondré, miné par des décennies de pillage colonial et impérialiste. Depuis le génocide de 1994 au Rwanda, dont la France est directement responsable, les groupes armés se sont multipliés. L’accord signé à Washington prévoit l’intégration de plusieurs milices dans l’armée congolaise, à condition que leurs chefs l’acceptent, ce qui n’a rien d’automatique tant l’État congolais est incapable de payer correctement ses soldats. Avec un budget ridicule de 16 milliards de dollars par an, il n’arrive ni à assurer les services vitaux pour la population dans la santé, l’éducation ou les voies de communication, ni même à disposer d’une armée apte à contrôler son immense territoire. C’est la raison pour laquelle les dirigeants congolais ont signé, en décembre 2024, un contrat avec la société militaire privée de l’Américain Erik Prince, pour sécuriser des sites miniers. Ces mercenaires s’ajoutent à la kyrielle de chefs de guerre qui terrorisent les populations.
Toutes ces bandes armées vendent leurs services aux exploitants miniers. Ce sont des entreprises anglaises, suisses et belges qui contrôlent actuellement une large partie des exportations de coltan et d’or de l’est de la RDC vers le Rwanda et l’Ouganda voisins. Des compagnies chinoises sont aussi présentes au Kivu ainsi qu’au Katanga. Dans cette région du sud de la RDC, il n’y a pas la guerre mais l’exploitation tue. Ainsi, le 15 novembre, 70 creuseurs sont morts dans l’effondrement d’une mine de cobalt.
Au Katanga, l’extraction du cobalt est dominée par des compagnies chinoises mais celle du cuivre l’est par les géants anglo- suisse Glencore et canadien Ivanhoé. Pour l’instant, ce cuivre est exporté par voie terrestre à travers la Zambie, sur une route construite par une compagnie chinoise. Mais, peu avant son départ de la Maison Blanche, Biden avait aussi lancé un projet de remise en état de la ligne de chemin de fer reliant le Katanga au port angolais de Lobito, sur la côte atlantique. L’accord signé sous le parrainage de Trump conforte ce projet défendant les intérêts américains. Derrière les annonces grandiloquentes de Trump sur la « paix historique » au Congo, le pillage s’aggravera et avec lui, le chaos.