Haïti : les ouvriers de Codevi montrent la voie12/11/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/11/Travailleurs_Codevi.jpg.420x236_q85_box-27%2C0%2C366%2C191_crop_detail.jpg

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les ouvriers de Codevi montrent la voie

Cet article est extrait du mensuel de nos camarades de l’Organisation des travailleurs révolutionnaires – UCI Haïti.

Illustration - les ouvriers de Codevi montrent la voie

Grève, manifestations, sit-in. Selon les chiffres publiés dans la presse, environ 18 000 travailleurs du parc Codevi, Compagnie de développement industrielle, située à Ounaminthe dans le département du Nord-Est, étaient entrés en grève pendant la semaine du 6 octobre 2025 pour protester contre la volonté du gouvernement d’adopter de nouvelles taxes contre les travailleurs de la sous-traitance. Pour l’instant, ces taxes et prélèvements obligatoires pour l’ONA (Office assurance vieillesse), et pour l’OFATMA (Office d’assurance accidents du travail, maladie et maternité), vont jusqu’à 20 % de leur salaire. Les grévistes réclamaient également un ajustement de leur salaire bloqué depuis 2022 et de meilleures conditions de travail.

Dans leurs slogans, les travailleurs ont dénoncé l’indécence des potentats du gouvernement qui, tout en faisant la course aux richesses en siphonnant les caisses de l’État, en participant à toute forme de corruption, n’ont pas hésité à augmenter les taxes sur des travailleurs dont la valeur réelle du salaire journalier fluctue autour d’un dollar. Rejoints par des membres de la population pauvre dans leur mouvement, les travailleurs ont réclamé un ajustement de salaire à 2 500 gourdes par jour, la baisse des prix de produits de première nécessité, etc.

Devant cette colère tous azimuts et par crainte de voir plus de membres de la population pauvre s’associer à ce mouvement, le gouvernement s’était dépêché de sortir un communiqué pour ajourner ces mesures. Mais deux jours après ce recul, les travailleurs n’avaient pas repris le travail pour mettre la pression sur les patrons qui pourraient faire semblant d’ignorer la position des autorités et continuer à prélever à la source ces taxes et obligations.

Les ouvriers de Codevi avaient raison de se battre pour leur gagne-pain. Cette révolte aurait eu toutes les raisons de se propager vers la capitale, particulièrement sur la route de l’aéroport au parc industriel Sonapi mais aussi dans tout le pays où les travailleurs gagnent péniblement 500 gourdes comme salaire journalier dans les stations de services, dans les magasins, les entrepôts… Continuer à payer le même salaire minimum en vigueur depuis trois ans constitue un crime vu l’inflation qui bat des records.

Aux souffrances des travailleurs, à leurs revendications, le patronat et le gouvernement opposent toujours le cynisme, le mépris et souvent la répression. La grève, les manifestations sont les moyens qui sont à leur disposition pour se faire entendre et faire reculer ces parasites. Il en est de même pour le reste de la population pauvre qui depuis six ans, en plus de l’exploitation des classes dominantes, supporte les exactions criminelles des bandes armées dont les chefs sont devenus en très peu de temps des millionnaires par le racket, le vol, les trafics de toutes sortes.

La révolte générale des masses exploitées représente leur seule voie de salut. Que ces grèves sectorielles, que les actes de bravoure et de résistance de la population dans l’Artibonite assiégée par les gangs, que la résistance des paysans de Kenscoff servent d’entraînement et de prélude aux luttes globales et conscientes de toutes les masses exploitées pour leur libération totale, capitale à l’échelle de tout le pays !

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