Article de presse
Guyane
une arrestation qui provoque l’indignation

La convocation par la gendarmerie de la principale du collège Auguste-Dédé de Remire-Montjoly, près de Cayenne, avec prise d’empreintes et photo, a créé une indignation générale dans la population de Guyane.
Tout a commencé en juin dernier, lors d’une embrouille entre élèves dans le collège. Lorsqu’un d’entre eux a dit à ses camarades que « la place des Noirs est dans les champs de coton », il a été immédiatement sanctionné par la principale. Les parents de ce jeune élève en classe de 5e, policiers tous les deux, ont alors porté plainte contre elle pour harcèlement, d’où la convocation.
Choqués, les enseignants du collège ont été les premiers à réagir, affirmant tout de suite leur soutien à la principale. Ce n’était que le début d’une mobilisation à laquelle nombre de parents d’élèves se mêlèrent pour dénoncer le racisme, l’attitude des parents policiers et la réaction de la gendarmerie. Vendredi 3 octobre, parents, enseignants et syndicats se sont ainsi retrouvés devant le collège pour soutenir la principale et un rassemblement s’est tenu le lendemain en soirée place des Palmistes à Cayenne. Lundi 6 octobre, un appel à la grève à l’initiative des deux députés guyanais, avec manifestation à Cayenne, a réuni 600 personnes devant la préfecture. Les élèves de deux lycées, Lama-Prevost à Remire et Melkior à Cayenne, se sont mis en grève.
Le préfet a annoncé à une délégation de manifestants que les deux policiers en cause dans cette affaire ont été suspendus et qu’une enquête administrative va être ouverte. Cela montre que les autorités comprennent que la mobilisation n’est pas un feu de paille. Les responsables, tels que le recteur, le préfet, le chef de la police, sont tous sur le pont et chacun y va de sa petite phrase. Mais c’est l’émotion créée dans la population et ce début de mobilisation de jeunes et de travailleurs qui commencent à inverser le cours des choses : d’une situation où les policiers racistes se comportaient comme des rois tout-puissants à une situation où la population commence à se faire entendre et respecter.
Au sein d’une population guyanaise qui est une mosaïque de peuples : Bushinengués, Créoles, Amérindiens, Hmong, Chinois, Haïtiens, Brésiliens, Européens, Surinamais, Antillais, Afghans, Syriens, etc., le développement du racisme serait dévastateur.
Jacques Lequai
Racisme affirmé dans la police
Un article du média France Guyane sur les affaires de racisme ayant touché ces dernières années policiers et gendarmes montre qu’il y a deux poids, deux mesures.
Les agissements contre les policiers passent en effet en comparution immédiate, alors qu’à l’inverse les comportements des policiers tombent dans les oubliettes. À Saint- Laurent-du-Maroni, en 2018, dans son discours d’adieu devant ses collègues et le sous-préfet, un gendarme avait évoqué « une faune exceptionnelle, tous ces singes hurleurs lançant autant de jurons que de parpaings pour marquer leur territoire, ces petits caïmans trempant jour et nuit dans l’alcool ».
En août 2023, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux où l’on voit un policier de la BAC dire lors d’une altercation avec des jeunes à Cayenne : « Moi, ma famille est en Guyane depuis 200 ans. Ici, c’est chez moi. On est arrivés dans le même bateau, mais pas au même étage. » Une apologie de plus de l’esclavage et du suprémacisme blanc.
Bien d’autres propos racistes du même genre sont rapportés. Mais maintenant, trop c’est trop !
J. L.
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