Échos des entreprises

Argenteuil :  Les travailleurs de Dassault imposent la fermeture de l’usine d’Argenteuil

Echo d'entreprise
23/03/2020

Mardi 17 mars au soir, la direction de Dassault-Argenteuil envoyait à tous les travailleurs de l’établissement un SMS pour leur indiquer la fermeture de l’usine. Elle ne l’a pas fait de gaité de cœur, mais contrainte et forcée par la pression et la grève des travailleurs du site qui n’entendaient pas risquer leur vie plus longtemps pour les profits de Dassault.

Trappier, le PDG, indiquait alors aux organisations syndicales, qu’« il ne fallait pas ajouter la crise à la crise », et planifiait une reprise qu’il espérait dès le lundi 23 mars. Pour ajouter des milliards aux milliards au profit de la famille Dassault, il y avait urgence.

Risquer d’ajouter des malades aux malades, voire des morts aux morts est tout simplement criminel.

On apprenait d’ailleurs jeudi que l’un des travailleurs de l’usine, atteint du coronavirus, était à l’hôpital, en soins intensifs. Parmi les 89 travailleurs susceptibles de l’avoir approchés, 2 ont déjà été testés positifs. Sur un autre site Dassault à Anglet, 2 travailleurs sont en quarantaine. Personne n’a donc l’intention de risquer sa vie pour la fortune des Dassault, d’autant que la fabrication des Rafale et autres jets de luxe ne relève en rien des productions vitales au fonctionnement de la société.

Ce qui est vital pour les travailleurs, c’est de ne pas risquer sa vie à la gagner.

Alors pas question de reprendre le travail !

ArcelorMittal Dunkerque :  un patron irresponsable qui veut continuer de faire des profits malgré la crise sanitaire

Echo d'entreprise
22/03/2020

A l’usine ArcelorMittal de Dunkerque, qui compte environ 4400 travailleurs avec les entreprises sous-traitantes sur le site, la direction a cherché jusqu’au bout à maintenir un niveau de production habituel, utilisant l’argument qu’il n’était pas possible d’arrêter les installations. Mais, s’il est vrai qu’il est très compliqué d’arrêter complètement la production, il est par contre possible de la ralentir considérablement. La direction a donc fait le choix de mettre les travailleurs en danger. Jusqu’à ce que le mécontentement dans l’usine lui impose de réduire la cadence.

Depuis plusieurs semaines la direction du groupe a beaucoup communiqué à l’intérieur de l’usine sur les consignes de sécurité à propos du virus : mails, affiches de prévention ; jusqu’à faire signer à chaque travailleur un engagement à respecter les mesures barrières. Mais il s’est vite avéré que ce n’était que de l’affichage car dans le travail au quotidien, sur les postes de travail, rien n’avait été mis en place.

Lors des réunions d’équipe, il était par exemple demandé de s’espacer sur une chaise sur deux, sauf que la journée de travail continuait de se faire à plusieurs dans des espaces parfois très confinés ; il était demandé de se relayer pour le casse-croute, sauf que les salles de pause n’étaient pas désinfectées ; il fallait désinfecter son poste de travail, sauf que c’était la pénurie de lingettes, certains travailleurs devaient en apporter eux-mêmes au boulot. Tout était comme ça dans l’usine, rien n’était réellement prévu pour faire face au virus.

En début de semaine dernière, alors que dans tout le pays le personnel de santé tirait la sonnette d’alarme pour un confinement rigoureux, ArcelorMittal conservait le droit de maintenir son activité au sein d’un site où sont présents continuellement plusieurs centaines de travailleurs. C’était jouer avec la peau des travailleurs pour continuer de produire de l’acier.

Cela a créé un climat de défiance des travailleurs, certains ne voulaient plus venir travailler, refusant de mettre leur santé et celle de leur famille en danger ; dans certains secteurs de l’usine, il y a eu des droits de retrait collectifs. Ce qui n’était pas possible en début de semaine est alors devenu possible à partir du jeudi 19 mars, la direction a annoncé la baisse progressive de la production.

Maintenant l’usine fonctionne avec un nombre beaucoup plus réduit de travailleurs, un peu partout les équipes sont divisées par deux. Deux hauts-fourneaux sur trois sont en train d’être mis à l’arrêt. La direction s’est enfin engagée à donner des moyens supplémentaires pour mettre en place des mesures d’hygiène en plus.

Avec un tel comportement, aussi irresponsable que criminel, la direction de l’entreprise a mis en péril la vie de travailleur et par ricochet, la santé publique.

Aujourd’hui la défiance est toujours là chez les travailleurs. La direction va-t-elle tenir ses engagements pour qu’il y ait de véritables moyens pour de réelles mesures d’hygiène ? La direction cherche à réaliser rapidement la maintenance des hauts-fourneaux, pour les faire repartir au plus vite ? Et puis il y a les intérimaires en fin de mission dans les entreprises sous-traitantes, vont-ils être payés ?

Au vu de son comportement depuis le début de la crise sanitaire, aucune raison d’avoir confiance dans la direction de l’usine.

General Electric (Belfort et Bourogne) :  Pour le patron, le confinement passe après la production

Echo d'entreprise
22/03/2020

Il y a une semaine, plusieurs centaines de travailleurs de General Electric refusaient de continuer à travailler à l’usine, à Belfort et à Bourogne, alors que les mesures de confinement étaient annoncées pour toute la population.

Ils avaient exercé leur droit de retrait, en pleine épidémie de coronavirus, les salariés estimaient à juste titre qu'ils n’étaient pas en sécurité dans l'entreprise : aucune distribution de masques, ni de gel hydro alcoolique n'était disponible.

Pourtant ; le travail doit reprendre ce lundi 23 Mars dans certains ateliers chez General Electric à Belfort et Bourogne.

Décision de la direction malgré la crise du coronavirus, une centaine de salariés est attendue à la reprise. Il s'agit de magasiniers, d'usineurs, de contrôleurs dans les ateliers turbines à gaz ainsi que des intervenants sur les fonctions supports (vérificateurs de programme, etc, ...).

Selon les syndicats, tous contre cette reprise, la direction aurait exercé des pressions sur des salariés pour les inciter à reprendre le travail ce lundi.

La direction elle a le culot de déclarer : «En tant qu'acteur stratégique dans le domaine de l'énergie, nous devons assurer la continuité de la production pour répondre aux besoins vitaux de nos clients en France et dans le monde ». Cette même direction qui licencie plusieurs centaines de travailleurs depuis quelques mois

Alors que le confinement est devenu une nécessité impérieuse de santé publique, non seulement pour les travailleurs de General Electric mais pour leur famille et pour toute la population, alors que l’enjeu n’est rien moins qu’une question de vie ou de mort, l’attitude de la direction est irresponsable.

Caterpillar (Grenoble et Echirolles) :  Les ouvriers lâchent les chaînes d’assemblage

Echo d'entreprise
22/03/2020

Depuis le début de l’épidémie du coronavirus parti de Chine, Caterpillar a invoqué des difficultés pour s’attaquer aux travailleurs de ses deux usines, à Grenoble et Echirolles.

Il y eut d’abord la pose obligatoire de plusieurs journées RTT au prétexte du manque d’approvisionnement venant de Chine.

Puis, l’épidémie se propageant en France, la direction pris des mesures “barrières” contraignantes pour les travailleurs : suppression des bus de ramassage, fermeture de la cantine et des vestiaires. Il fallait arriver en tenue de travail et repartir sale de l’usine. Pour éviter tout croisement, les équipes étaient décalées d’une heure.

Mais le mardi 17 mars au matin, lendemain des annonces de confinement de Macron, le remous était palpable sur les chaînes d’assemblage des deux usines, où les ouvriers travaillent dans la promiscuité. Sans demande d’autorisation, embauchés, intérimaires, sous-traitants, tous cessèrent spontanément le travail. La direction décida alors la fermeture pour quinze jours et à 10 heures, trois heures avant la fin de poste, les ouvriers quittaient les usines, en chômage partiel.

La direction a réussi à faire l’unité des travailleurs. À se souvenir contre ses prochains mauvais coups !

Airbus Helicopter :  L'urgence, c'est le confinement.

Echo d'entreprise
22/03/2020

Afin de continuer la production la direction d'Airbus à Marignane veut faire reprendre le travail progressivement à partir du lundi 23 puis du lundi 30 mars.

Ainsi il y aurait plusieurs centaines de personnes obligées de prendre leur voiture, de badger, de se changer dans l'atelier, de manipuler les outils, d'emporter les bleus à laver à la maison... La direction leur fournirait un kit de protection.

Ainsi il y en a à l'usine...alors qu'il manque des masques et du gel pour les travailleurs des hôpitaux ? Fabriquer des hélicoptères, cela peut bien attendre la fin de l'épidémie. 55% sont destinés à des clients militaires.

L'Arabie Saoudite aurait ses engins de morts un peu plus tard... Cela serait toujours un petit répit de gagné pour la population du Yémen écrasée sous les bombes.

Quant aux compagnies aériennes, elles ne fonctionnent qu'à minima en ce moment.

L'activité des plateformes pétrolières serait moins intense ; et alors ? Le cours du pétrole est en chute libre. Qui va s'en plaindre dans cette période de confinement nécessaire à l'éradication du corona virus, et cela en attendant l' élimination d'un virus bien plus nocif, celui du capitalisme.

 

La Poste – Lille :  Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes !

Echo d'entreprise
22/03/2020

Devant l'irresponsabilité de la direction qui continue à faire du profit sur la santé des travailleurs et des usagers en transformant les bureaux de poste en foyer d'épidémie, des postiers du service collecte de Lille ont pris leur responsabilité.

Constatant que leur droit de retrait, tout légitime qu’il soit, divisait l’équipe, ils ont décidé de discuter collectivement à chaque prise de service de la situation.

Le but est d'imposer leur propre organisation à la direction et sur le lieu de travail. D'imposer un « droit de s'organiser » des salariés pour prendre leur sécurité en main.
Des premières règles de sécurité de base ont été décidées par les postiers eux-mêmes, en lien avec la médecine du travail.

D'abord exiger de la direction de permettre à ceux qui doivent rester chez eux de le faire, que ce soit pour des raisons familiales ou de santé.

Ensuite d'imposer d'avoir chacun son véhicule, mesurer et appliquer les règles de distance... Sans moyen sanitaires, ils ont décidé de ramener eux-mêmes de quoi désinfecter les véhicules, les clefs, le matériel postal.

C'est dans cet esprit collectif et en lutte contre l'inaction des directions qu'ils pourront ainsi dès la semaine prochaine défendre leurs intérêts, leur santé et celle de la population et convaincre d'autre services de faire de même.

La Poste - Lille :  Des conditions de travail inacceptables

Echo d'entreprise
22/03/2020

Alors qu'une partie de la population est sommée de se confiner pour se protéger du Covid19, les travailleurs de la Poste, comme tant d'autres, doivent continuer leur service.

A Lille pendant les trois premiers jours, dans tous les services les postiers se sont vus intimer l'ordre d'aller travailler « en prenant leurs précautions ». Le matériel à disposition : 1 paquet de lingettes pour 20 facteurs, pas de gel hydro-alcoolique, 2 h de « confinement » entassés à trier et à manipuler toutes sortes d'objets.

Ils n'avaient rien pour se se protéger, rien pour protéger les usagers et clients, ainsi que leurs proches !

Mis dans cette situation dangereuse, des postiers ont dû appliquer leur droit de retrait pour « danger grave et imminent ».

Mais face aux pressions de la direction, beaucoup de postiers ont continué à travailler sans protections sanitaires.
Les collègues qui continuaient à aller travailler, la boule au ventre, se trouvaient isolés. En parallèle, des suspicions, des cas avérés et des hospitalisations de collègues touchés par le Covid19 augmentaient chaque jours.
Ce n’est que dans les sites où les postiers ont fait pression collectivement sur la direction qu’ils ont pu obtenir in extremis un peu de gel hydroalcoolique et des lingettes.

Ariane Group - Le Haillan :  Face aux criminels, restons chez nous

Echo d'entreprise
22/03/2020

Après une semaine de chômage technique du fait du covid-19, la direction d’ArianeGroup veut dès mardi 24 mars rouvrir certains sites comme celui du Haillan pour des productions de matériel... militaire ! Jugées selon elle sensibles !

Dès lundi 23/03, elle convoque les syndicats pour une information/consultation réglementaire qui de toute façon est purement consultative.

Alors que le confinement est devenu une nécessité impérieuse de santé publique, non seulement pour les travailleurs d'Ariane mais pour leur famille et pour toute la population, alors que l’enjeu n’est rien moins qu’une question de vie ou de mort, l’attitude de la direction est irresponsable.

Chauss’expo (Nord) :  Des pressions pour obtenir un minimum

Echo d'entreprise
22/03/2020

Dans les entrepôts de chaussures Chauss’expo à Lesquin, un peu plus de 50 travailleurs préparent les livraisons pour les 186 magasins Chauss’Expo.

Dans les jours qui ont précédé les annonces du gouvernement, ils ont dû faire pression pour que du gel hydroalcoolique soit mis à disposition. Aucune mesure n’avait été prise.

Lorsque des délégués syndicaux ont demandé à ce que les locaux communs soient nettoyés plus souvent la DRH a répondu « je ne vais pas payer une prestation supplémentaire ». Même des choses élémentaires comme laisser les portes des locaux communs ouvertes afin de ne pas toucher les poignées, ils n’y avaient pas pensé.

Le lundi suivant l’annonce de fermer tous les magasins, le directeur de l’entrepôt a réuni les travailleurs pour expliquer le travail à faire malgré la fermeture des magasins. Les travailleurs disaient que c’était irresponsable de faire travailler à cinquante dans la mesure où ils pouvaient se contaminer les uns les autres. Ils ont demandé à être au chômage partiel mais sans perte de salaire. Il a répondu que pour l’instant ils ne l’envisageaient pas. En début d’après-midi, c’était la même réponse : « nous attendons les mesures qu’Emmanuel Macron va annoncer ce soir ».

Plus tard dans la journée, les travailleurs étaient informés qu’ils seraient au chômage partiel à partir du mardi, pendant au moins 15 jours et sans perte de salaire.

En même temps, faire travailler alors que les 186 magasins sont fermés ne servait pas à grand-chose...

ST Microelectronics (Agglomération de Grenoble) :  Les puces avant les virus

Echo d'entreprise
22/03/2020

STMicroelectronics est une multinationale qui emploie 46 000 salariés dans le monde, dont 10 000 en France. Cette entreprise fabrique des semiconducteurs utilisés dans les appareils électroniques de la vie quotidienne, les automobiles et les équipements industriels. Rien qui puisse de près ou de loin être utile dans le domaine médical à court terme. 

Sur le site de Grenoble, la plupart des 1 800 ingénieurs du site, sont en télétravail. Quant à la centaine de salariés restants, leur hiérarchie leur demande de venir travailler.

Sur le site de Crolles, où travaillent habituellement 4 000 salariés dont 2 000 en production, les ouvriers encore en poste en salles blanches doivent assurer la production avec 50% de l’effectif, y compris intérimaires et CDD. La direction veut continuer coûte que coûte à produire pour dit-elle “sortir gagnants de cette crise” face à ses concurrents. Elle a proposé 300 euros de prime mensuelle pour un temps plein, réservée aux travailleurs ST, en oubliant au passage ceux de la sous-traitance, du nettoyage, de la maintenance, de la logistique, gardiens, pourtant eux aussi, de la chair à profit.

Quelques mesures ont été prises sur les deux sites, pas de quoi calmer les angoisses : distances de sécurité, gel hydroalcoolique et même des masques type FFP2 qui devraient être fournis dans les jours à venir. Une mesure choquante quand on sait que les hôpitaux en manquent cruellement.

Hormis la CGT, les syndicats CGC, CFDT collaborent et ont signé un accord national avec la direction pour maintenir la production.

Comme l’a dit un travailleur "les salariés vont au front et les friqués sont à l'abri".

Voilà la déclinaison sociale de la guerre dont parle Macron…