Échos des entreprises
Epidémie de coronavirus : Témoignage de Laurent des bus RATP (Paris)
PSA Vesoul : PSA principal propagateur du Covid-19
Il ne s’est pas passé un jour depuis le 6 mars sans qu’il y ait au moins un cas de personne suspectée d’avoir le Covid-19.
Au total, jeudi 19, ce sont, d'après la direction, 148 personnes qui ont été mis en quarantaine. Dont environ quarante sont fortement suspectés être contaminé. La direction minimise en profitant du fait que les cas suspects ne sont plus testés. On ne sait même pas si les sous-traitants et intérimaires sont comptabilisés dans le tableau donné par la direction. Et l’épidémie continue de progresser.
Malgré cela la direction maintient l’activité et veut même dépasser les 20 % qu’elle annonçait il y a deux jours.
En temps de guerre, on appellerait cette attitude du sabotage.
Novares. Libercourt (59) : Le virus et les patrons : deux ennemis à combattre

Novares, sous-traitant de Toyota fabrique en flux-tendu des pièces plastiques. Pour le lancement d'un nouveau modèle de véhicule, le travail est de plus en plus dur depuis des semaines.
Le mardi 17 mars, la direction a annoncé 45 jours de chômage partiel car beaucoup d'usines de l'automobile sont à l'arrêt. Mais le 18 mars, le patron a changé d'avis, l'usine restera ouverte. Il cherche à faire le maximum de stocks le temps où les usines d'assemblage automobile ne tournent pas. Comme ça, quand ça redémarrera, ils auront des stocks et pourront faire bosser les travailleurs sur le nouveau projet.
Dans les ateliers, tout le monde se marche sur les pieds faute de place, impossible de garder 1 mètre de distance. Les quelques flacons de gel distribués ont très vite été épuisés et en plus, ils étaient périmés depuis 2011. Les masques distribués, eux aussi très vite épuisés, étaient des masques anti-poussière inefficaces contre le virus. La direction a fait la morale en disant qu'il fallait nettoyer ses outils mais elle ne veut pas arrêter les machines à la prise de poste pour permettre que les outils et les commandes soient désinfectés. Une des société de nettoyage n'a pas été payée, les poubelles ne sont plus vidées, les WC et le réfectoire ne sont plus nettoyés.
Pour leurs profits, en dépit de toutes les préconisations sanitaires, les patrons, veulent continuer à produire et faire des stocks. C’est une attitude irresponsable, voire criminelle. Ce sera aux travailleurs d'assurer leur propre sécurité et aussi de prendre en main la direction des usines pour éviter la catastrophe.
Arc (verrerie) à Arques (62) : CoronARC Virus
L’usine Arc, près de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais, emploie plus de 5 000 personnes dont 3 000 à la production. La direction a ralenti progressivement sa production depuis le début du confinement. Pour cela, elle a imposé à une partie des travailleurs le chômage partiel payé à 84 % du salaire net. Les salaires sont déjà au ras des pâquerettes pour beaucoup de travailleurs de l’usine et les prix, eux, n’ont pas prévu de baisser. Quant aux patrons, ils auraient largement les capitaux pour payer les salaires à 100 % mais, pour l’instant, ils n’en ont absolument pas l’intention.
Et pour ceux qui travaillent sur le site ? Les choix sanitaires de la direction sont irresponsables. Dans certains secteurs, les travailleurs se changent dans des vestiaires dont les portes ont été retirées. Le prétexte invoqué est qu’ainsi les salariés n’auront pas à toucher la poignée. Mais à l’intérieur des vestiaires, ils n’ont pas les moyens de respecter les distances de sécurité.
Une fois changés, les ouvrières et ouvriers se retrouvent à travailler, avec la même paire de gants plusieurs jours de suite, parfois de la mauvaise taille. Certains travaillent encore cette semaine au coude à coude ou avec un simple bout de carton pour les séparer. Ils tapent sur le même clavier, utilisent les mêmes outils, voire les mêmes gants de protection sur certaines machines. Et tout cela, sans avoir les moyens de les désinfecter après chaque utilisation, ni même de pouvoir se laver les mains faute de savon à certains endroits. Dans certains secteurs, il n’y a toujours pas de masque.
Et quand les produits désinfectants sont arrivés, bien après le début du confinement, ils avaient été achetés à la va-vite dans les magasins du coin : produit vaisselle et bain moussant pour se laver les mains, serpillières jetables anti-bactériens pour nettoyer les claviers et les surfaces… Encore une preuve de l’irresponsabilité de la direction du site pour ce type de problème. Face aux protestations de certains salariés, des chefs leur ont reproché de « propager la psychose ».
Comble de l’ignominie, des directeurs ont maintenu, cette semaine, les convocations de travailleurs en vue de sanctions disciplinaires. Et ce, malgré les consignes de confinement.
« CoronArc », une usine dirigée par des irresponsables qui ont une banque à la place du cerveau.
Ils ne masqueront pas leur irresponsabilité

Aujourd’hui Renault Sovab a fait un don de 700 masques chirurgicaux et 130 FFP2 au sous-préfet de Briey. Hier c’était Toyota France qui envoyait 10 000 masques FFP2 à Mulhouse.
La Sovab a fait travailler jusqu’au dernier moment les salariés. De là à se vanter d’être un acteur social et se faire de la pub sur le don de masques...
Ce que souhaitent les personnels des hôpitaux, ce sont bien sûr des masques, mais surtout de ne pas voir arriver dans leurs services les ouvriers d’usine que les patrons continuent à faire travailler malgré les dangers.
Somme : Valéo – Amiens : le capitalovirus sévit à l’usine

Il y a eu un cas avéré de coronavirus sur le site d'Abbeville, 8 sur celui d’Amiens.
L’usine va finalement fermer ce vendredi 20 mars, mais pas par souci de la santé des ouvriers : ce sont les difficultés d’approvisionnement en matières premières qui ont motivé cette décision des actionnaires.
Jusqu’au bout, alors que la consigne générale est au confinement le plus strict, les patrons ont exigés que les salariés concentrés à plus de mille dans l’enceinte de l’usine produisent des embrayages automobiles absolument pas indispensables actuellement,.
Le virus du profit est tellement fort, que la direction a trouvé et distribué des masques - qui manquent tant au personnel hospitalier - pour parer l’action des salariés qui exerçaient leur droit de retrait.
Renault-Sovab : Nous ne sommes pas de la chair à produire
Lundi matin 16 mars, dans les ateliers de l’usine Renault Sovab de Batilly qui produit des fourgons Master, il n’était pas question d’arrêter la production pour lutter contre la propagation du coronavirus.
La veille, dimanche, la direction avait appelé des volontaires de l’équipe de nuit pour venir travailler une partie de la matinée et des nouveaux intérimaires ont débarqués pour remplacer les ouvriers restés chez eux pour garder leurs enfants.
Par une réunion de 5 minutes dans chaque secteur, les chefs expliquaient que tout était sous contrôle, qu’il suffisait de se laver les mains et que chaque salarié qui se sentait mal devait se signaler.
La plupart d’entre nous étaient estomaqués de la légèreté avec laquelle la direction répondait aux inquiétudes de centaine de travailleurs. Nous nous côtoyons de près sur les chaînes, dans les vestiaires et au self. Nous nous échangeons les outils, les visseuses, les claviers, les téléphones…
En fait, en guise de mesures de protection, il n’y avait rien de mis en place, à part la recommandation de ne pas se serrer la main. Et en ce qui concerne le nettoyage de l’usine, les prestations ont largement diminué ces dernières années ce qui est pire en période d’épidémie.
Ce n’est que l’après-midi à 15 h que la direction a soudainement annoncé la fermeture du site jusqu’au moins la fin de la semaine.
Mais deux jours après, Pénicaud, la ministre du travail, exhortait les entreprises à reprendre le travail, la Sovab annonce déjà une reprise dans un premier temps partielle, en se moquant complétement du délai de confinement nécessaire pour enrayer la propagation du virus.
Elle projette de faire travailler 50 salariés pour sortir le millier de Masters en attente de retouche, en disant que « l’État n’a jamais interdit l’activité industrielle. Sovab n’est pas hors la loi, et nous sommes en lien avec la préfecture ».
Les retoucheurs et ceux qui valident les véhicules qui sortent des chaînes sont fortement sollicités pour travailler les jours fériés, pendant les périodes de vacances, pour faire des heures supplémentaires les samedis et les dimanches soir. C’est à cause du manque de personnel chronique sur les lignes de montage et de l’interdiction formelle d’arrêter la chaîne que le parc des retouches est un tonneau des danaïdes ! Cette fois, la direction dépasse les bornes en mettant en cause leur santé.
Les 6 syndicats de l’usine sont unanimement contre la reprise. Ils estiment que les conditions de travail ne permettent pas de protéger les salariés, mais la direction n’en a cure.
Elle veut passer en force, contre l’avis des salariés de plus en plus inquiets par la contamination qui prend chaque jour de l’ampleur. Cela se mesure par le nombre impressionnant de messages de soutien que s’échangent les travailleurs de l’usine. C’est un début de résistance. Pour garantir notre santé, on ne pourra compter que sur nous-mêmes.
SNCF - Orléans Les Aubrais (Loiret) : Pour la direction, la santé des cheminots n’est pas prioritaire

Dans les postes d'aiguillage, la direction oblige les cheminots à venir travailler et maintient quasiment l'ensemble des postes ouverts, y compris ceux que l'on pourrait considérer comme non prioritaires. Dans la majorité des postes, comme au triage, les agents étant seul en poste, cela suffit à la direction pour qu’elle considère que leur protection est assurée. Les mesures de nettoyage des locaux reposent sur les agents eux-mêmes et quand l’un d’eux a le malheur de demander des comptes, la direction botte en touche ou pire encore, les envoie balader. Certains ont d'ailleurs subi des pressions et des intimidations pour avoir exercé leur droit de retrait.
Alors que la direction se retranche derrière l'intérêt national et vital pour la population pour justifier la continuité du service, des témoignages d'agents en poste relatent qu'il n'y a pas de travail, plus grave certains n'ont vu qu'un seul train de fret passer chargé de voitures neuves. Si c'est ça leur service indispensable à la population...
Le plus cynique dans tout cela, c'est qu'avant l'arrivée du coronavirus, la direction a fermé des gares de la région en supprimant du personnel pour cause de sous-activité.
Alors qu'ils ferment les postes pour faire des économies ou qu’ils les maintiennent ouverts pour leurs profits, c'est toujours la même chose qui les anime et les cheminots ont tout à fait raison de ne pas l'accepter.
Chevilly-Larue : L’Oréal : la direction refuse la fermeture totale
A L’Oréal, centre de recherche sur les produits de beauté de Chevilly-Larue, bien des salariés sont mécontents de la manière dont la direction générale se soucie de leur santé face à l’épidémie.
Le 13 mars, le PDG a envoyé un message pour dire qu’il était conscient du problème sanitaire grave. Mais pas question de fermer les sites en France : il s’agissait juste de limiter les réunions physiques. La grande majorité des salariés a été choquée par ce message car ils ne fabriquent pas quelque chose d’indispensable. De plus, il y avait au moins un cas de Covid19 dans une usine en France et des salariés du site de Chevilly étaient en quarantaine. Et si certaines ont pu rester chez elles ce n’est pas grâce à l’Oréal, mais du fait que l’État avait imposé la fermeture des écoles et lycées.
Le 16 mars, le télétravail n’a été autorisé, sur le site de Chevilly, qu’à celles et ceux qui viennent en transport en commun, covoiturage ou taxi/VTC. Pour les autres un roulement se mettrait en place en fonction des équipes, sans rien de centralisé.
Suite à l’intervention de Macron le 16 mars et la mise en place du confinement, la direction a fait fermer, le lendemain… le restaurant d’entreprise ! Le site, lui, reste toujours ouvert avec des salariés en nombre réduit de L’Oréal et d’entreprises prestataires.
Dans les usines c’est encore pire, car c’est impossible pour des ouvriers de faire du télétravail. Le chômage partiel est envisagé au cas par cas avec un salaire net en baisse de 16% et les primes impactées.
En réalité, tous les salariés de L’Oréal en CDI ou en contrat précaire ainsi que les prestataires, auraient dû être en « absence autorisée » chez eux, et donc payés normalement. Voilà la manière dont des dirigeants d’une entreprise milliardaire du CAC40, peuvent se comporter dans une situation d’urgence sanitaire. Les actionnaires font passer leurs profits, jusqu'au bout, avant nos vies.